Nous sommes là typiquement devant un biopic ni fait ni à faire. Bien que carré et sans fausse note, le métrage de Scott Cooper est d'une fadeur sans nom. La faute à une absence quasi-totale de dramaturgie.


Des trois arcs narratifs : La romance contrariée avec Faye, la conception erratique de l'album "Nebraska". Seul celui sur l'enfance traumatique du rocker et sa relation d'amour/haine au père raconte quelque chose d'un peu pertinent.


Il faut dire que Stephen Graham est remarquable en père de famille violent et délaissant, mais également torturé et honteux, contrastant avec celui qu'il incarnait six mois plus tôt dans la série Adolescence. Rendre touchant un bougon pathétique et lâche qui bat sa femme et son fils n'est pas un mince exploit.


Le film échoue à psychologiser Bruce Springsteen : En effet, le film peine à nous faire rentrer dans la tête du chanteur. Censé peindre un homme de gauche, humble et sensible, le film est paradoxalement focalisé exclusivement sur sa petite personne. L'entourage de Bruce Springsteen n'y existent que du point de vue de Bruce Springsteen.


C'est certes mignon de voir une rockstar aux mille groupies donner son cœur à une femme prolétaire et mère isolée Ainsi qu'adopter instinctivement cette adorable petite fille d'un autre père sans fierté viriliste mal placée.


Le grand paradoxe du film est d'être centré exclusivement sur un protagoniste sans que ses motivations et ses sentiments soient compréhensibles.


Le pire étant que sa carrière musicale se déroule presque sans accroc… Donc sans enjeux :


Bruce enregistre dans sa chambre des chansons à fleur de peau sur des cassettes au son crasseux mais authentique. Il veut sortir les enregistrements bruts tels quels, refusant toute fioriture. On pourrait s'attendre là à un clash bien cliché entre le patron de la maison de disques et le chanteur, entre l'argentier obsédé par la rentabilité et l'artiste intègre transcendé par son art. Eh bien on l'a… Mais ça dure trois minutes : Le boutiquier grommelle un peu "Il est chiant cet album et puis à qui ça s'adresse ?" "Aucune radio ne voudra passer ça !" Pour accepter à contrecœur "Bon j'accepte de le sortir, mais c'est juste parce que c'est Bruce". Voilà ! L'affaire est pliée !

Rémy_Verrier
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il y a 5 jours

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