Spycies par Ritek

Je vais être honnête si le film n’avait pas été réalisé par Guillaume Ivernel (ou plutôt si ce dernier n’allait réaliser l’adaptation de la bd « Les Légendaires »), je n’aurais sans doute rien eu à faire de ce film. Et j’aurais eu bien raison.

Alors ce film n’est pas sans qualités. La réalisation est soignée et dynamique, même si les plans rapprochés lors des scènes d’actions m’ont plus semblé bordéliques qu’énergiques. L’animation est excellente et l’univers intéressante (même si je sens une certaine inspiration du film « Zootopie ») et les comédiens font une bonne prestation, Davy et Mr Poulpe également font un boulot correct……individuellement. Quand ils sont à deux ils ne sont pas inspirés donne plus l’impression d’entendre des mecs dans un studio d’enregistrement. Le pire est clairement lors de la scène du spoil où RIEN NE VA dans leur interprétation ! Et c’est tout. Tout le reste est à chier !

Je préviens qu’à partir d’ici je vais spoiler tout le film sans m’embêter à mettre des caches. Donc si vous prévoyez de voir ce film, arrêtez la lecture.

Ce film est l’exemple parfait d’une histoire nulle avec une base vue et revue, car les scénaristes se sont contentés de reprendre les ficelles du genre sans réfléchir à pourquoi elles marchent. Pour résumer Vladimir est un espion qui, suite à une énième catastrophe provoquée par son zèle, se voit rétrogradé par son supérieur Kotor dans une plateforme maritime en coopération avec Hector, une caricature de nerd, pour surveiller le mac guffin du film (ne me demandez pas le vrai nom, je l’ai oublié). Des personnes louches s’infiltrent et le volent et, pour éviter de se faire viré, Vladimir et Hector vont devoir travailler en équipe pour le récupéré et retrouver leur prestige.

Le problème numéro 1 du scénario est simple : Il n’y a aucun arc et aucun développement ! Vladimir provoque des dégrats considérables en ville, se fait repérer par des civiles (je rappelle qu’il est censé être un espion), et cela n’est plus jamais mentionné, ne serait-ce rappelé au cours du film. Je ne plaisante pas ! C’est limite si le film ne nous sort pas un David Goodenough. Sauf cas exceptionnel tu ne montres pas un défaut de ton héros si c’est pour ne pas le corriger, ce n’est pas comme ça qu’on développe un personnage ! Et Hector passe d’une caricature de nerd à une caricature de nerd, sauf que là il a une copine et c’est tout. La seule personne à avoir un arc est Mia, l’actrice préférée d’Hector, qui, pour obtenir le rôle de ses rêves, est obligée de raccourcir ses antennes, ce qui l’empêchera de pouvoir communiquer avec ses sœurs, la rendant pour ainsi dire muette. L’obligeant à choisir entre ce qu’elle désire (le rôle), et ce dont elle a besoin (sa famille). Au final elle décidera de garder ses antennes et de s’affirmer, ce qui lui permettra, à la fin, d’obtenir le rôle malgré ses antennes. Ceci est l’unique arc que vous verrez dans ce film.

Et c’est frustrant, parce que le film avait tous ce qu’il fallait pour pondre quelque chose de correct. Reprenons depuis le début :
Faisons de Vladimir est quelqu’un de tellement prétentieux qu’il ne fait confiance à personne pour faire le boulot, qui, suite à une énième bourde, se retrouve à devoir faire équipe avec Hector, une personne avec de grandes capacités mais qui est asociale et n’a aucune confiance en lui. Là il y a déjà une bonne base pour un arc de personnage et lorsque Vladimir voit Hector piloter un drone qu’il a piraté (je rappelle que ce passage est dans le film), il admet l’avoir sous-estimé et finira au fil du film par comprendre qu’il doit savoir déléguer quand il le faut. Vladimir apprend l’humilité et la confiance envers autrui et Hector apprend à croire en lui-même. Ça c’est du développement de personnage !

Ceci est le pire point du film, mais c’est loin le seul et je vais les résumer rapidement :
- Vladimir et Hector tombent sur une cassette vidéo démontrant que l’extermination des mammouths était un accident, mais ils déduisent quand même que le professeur l’a fait volontairement ?! Vous êtes vraiment cons !
- L’humour est à chier. Absolument aucune blague ne marche et le seul moment où j’ai ris, c’était par pur moquerie envers le film, à savoir…
- Le flash-back. La preuve ULTIME que la relation entre Vladimir et Hector est ratée ! Après le combat final [j’y viendrais], Hector est au seuil de la mort et Vladimir, n’arrivant pas à le réanimer, nous sort littéralement « Pas après tous ce que nous avons vécu ensemble !», et là le film nous ressort les scènes où Vladimir ne supportait clairement pas Hector. Parce qu’il n’y avait absolument aucune scène démontrant qu’une entente s’est créée l’un envers l’autre.

Pour finir, passons au méchant. En lui-même il est correct. Son armure de démon du froid est cool et ses motivations sont compréhensibles, on apprend (de manière totalement stupide) qu’il s’agit du chef Kotor, en réalité un mammouth qui s’est rasé pour se faire passer pour un éléphant, qui veut venger son peuple tué par le professeur qui leur avait promis de les aider et de son point de vue il est normal que ça ait eu l’air volontaire. Cependant j’ai quelques soucis en ce qui le concerne.

D’abord, pourquoi il a attaqué le rhinoféroce blanc en milieu de film ? J’ai beau y réfléchir je n’y vois aucune logique. Même l’hypothèse qu’il ait fais ça pour qu’il le mène jusqu’au professeur ne marche pas, parce qu’il ne semblait pas au courant que ce dernier était en vie (j’avoue que cela reste vague et que je peux me tromper), mais surtout parce qu’il a de nouveaux chercher à le tuer plus tard dans le film donc non, la seule raison valable ne marche pas (mais je soupçonne plus de l’incompétence scénaristique à ce niveau-là). Toutefois la véritable incompétence réside dans la résolution de fin. Alors que le démon du froid a été vaincu, condamner à voir son peuple disparaître avec lui, le tout avec une rage qu’il ne peut assouvir, le film sort un PUTAIN DE DEUS EX MACHINA ! Sérieusement, on nous une autre mammouth, jamais évoquée jusque-là, ayant survécu grâce au professeur, qui était par chance une amie d’enfance du méchant, ce qui lui fait comprendre son erreur et lui fait redevenir gentil et bla bla bla, va te faire foutre film de merde !

Vous m’avez compris : Spycies n’est pas un bon film. Je reste confiant pour les légendaires, la mise en scène d’Ivernel est loin d’être à jeter, si ce n’est quelques corrections à faire pour les scènes d’actions.