Les limites du réalisme.
"A la guerre, 90% du temps, on ne fait rien". Voilà une phrase sensée et tout à fait vraie. Le quotidien du soldat, en plus de la crasse et des parasites, c'est l'ennuis. Peut-on faire un film...
Par
le 6 déc. 2012
11 j'aime
Un piètre film de guerre si l'on ne devait s'en tenir qu'à ses scènes de combat. Celles-ci sont mal réalisées et truffées de poncifs du genre. Elles souffrent aussi de la comparaison avec les modèles américains que sont Private Ryan ou La Ligne Rouge, mais aussi bien sur au Stalingrad (Enemy at the Gates), coproduction internationale réalisée par JJ Annaud. Un ensemble de films à la fois mieux financés et plus aboutis artistiquement. Bien que le film soit généreux en figurants, costumes et pyrotechnies on ne saisit jamais véritablement l'ampleur de ce qui fut l'un des plus gigantesque affrontement de cette guerre. Le réalisateur Joseph Vilsmaier ne réussit pas non plus là où un Wolgang Petersen parvenait avec Das Boot, lui aussi limité par un budget restreint, à donner souffle et vraisemblance à sa tragédie militaire.
Pour autant tout n'est pas à jeter dans ce récit qui nous présente la bataille (pour le peu qu'on en voit) de Stalingrad du point de vue de la Wehrmacht. La deuxième partie du film s'attarde sur la débâcle et la fuite de l'armée allemande, illustrées par des scènes à la fois inédites et glaçantes, montrant les soldats assignés au déminage, ou bien devenus déserteurs se faisant passer pour des blessés, et plus généralement en errance dans la neige. Plusieurs séquences très dialoguées confrontent les points de vue d'officiers et soldats aux degrés d'engagement divers. Pas toujours écrites très finement et tirant parfois en longueur, ou à la répétition, le film semble vouloir offrir une réflexion profonde sur l'inanité de la guerre et l'intensité du désespoir qui a frappé ces soldats sacrifiés. Ni les scénaristes ni le réalisateur ne sont malheureusement à la hauteur de ces ambitions, mais certains séquences s'avèrent malgré tout intenses et poignantes. L'accent est avant tout mis sur l'aspect catastrophique et pathétique des conséquences des décisions inhumaines du haut commandement.
L'esthétique reste également l'un des vrais points forts du film et charme l'œil du début à la fin du film. La patine pellicule du début des années 90 est parfaitement rendue par les dernières restaurations et honore en tout point l'excellent travail de l'équipe image. Des zones urbaines éclairées par les flammes ou les explosions jusqu'à la blancheur aveuglante des décors enneigés, tout est parfaitement exécuté (exception faite d'une scène dans les égouts, où les effets de lumières justifiés par l'usage des lampes torches sont plutôt hasardeux). Le travail de décor et de costume est du même niveau et impressionne. Le casting est par ailleurs impeccable, révélant notamment une future star du cinéma international qu'est Thomas Kretschmann.
Dernier point à évoquer, et non des moindres, le rapport au nazisme et à la période du Troisième Reich. C'est simple, et c'est tout le problème, le sujet est comme ignoré, mis de côté. De vague citations du Führer sont l'occasion de montrer l'indifférence polie des soldats dont nous suivons le parcours, le mot "nazi" n'est prononcé que pour entendre l'un des protagonistes affirmer qu'il n'en est pas un, tandis qu'il n'est jamais fait mention des politiques raciales ou antisémites du régime. Aucun des soldats ne fera preuve de racisme ni ne sera confronté à ces catégories de population, pas un SS ne montrera le bout de son nez. Le sujet de la brutalité et de l'abus de pouvoir n'est cependant pas mis de côté mais reste cantonné à une petite catégorie de soldats ou d'officiers brutaux et sans pitié. Sans cacher l'existence de crimes de guerre tels que l'assassinant de prisonnier, la confiscation des ressources des populations ou le viol de femmes russes, cela reste "les horreurs de la guerre". Le film s'efforce sans doute très consciemment de ne pas aborder l'autre genre de crime dont les allemands ont pu se rendre coupable au cours de ce terrible conflit. Si les protagonistes que nous suivons ne sont pas tout blancs et peuvent par moment faire preuve de cruauté ils restent cependant des exemples un peu trop abstraits du "bon allemand qui ne savait pas".
Précision, c'est la version de 2h17, disponible sur les plus récentes éditions vidéos allemandes que j'ai pu visionner.
Créée
le 13 févr. 2025
Critique lue 14 fois
"A la guerre, 90% du temps, on ne fait rien". Voilà une phrase sensée et tout à fait vraie. Le quotidien du soldat, en plus de la crasse et des parasites, c'est l'ennuis. Peut-on faire un film...
Par
le 6 déc. 2012
11 j'aime
Ce film est une véritable claque. Non seulement il est réaliste (point de héros invincible ou autre idiotie) mais en plus il ne tombe pas dans le cliché du méchant nazi contre le gentil soviet. C'est...
le 29 août 2010
8 j'aime
Ce soir, j'ai regardé le programme TV, j'ai vu "film sur Stalingrad côté Allemand, authentique blabla". Je me suis dis aller, why not. Bon alors c'était sur Arte. Avant le film il y avait un...
Par
le 21 nov. 2010
6 j'aime
5
Au début des années 30 Lubitsch a déjà une quinzaine de films américains à son actifs. Avec la transposition au cinéma du genre de l'opérette viennoise (Parade d'amour, Le lieutenant souriant ou...
Par
le 15 juil. 2025
2 j'aime
Emouvante situation que celle de Yentl, juive d'Europe de l'Est en 1904, qui désire ardemment se plonger dans l'étude du Talmud et vivre dans les livres d'érudits alors que sa religion l'interdit aux...
Par
le 2 sept. 2023
2 j'aime
Film foutraque qui alterne comédie, drame sentimental et, de temps en temps quand le scénario l'oblige, du polar. Truffaut semble principalement être intéressé par les tourments identitaires et...
Par
le 1 sept. 2023
2 j'aime