En 2017, Star Wars, Episode VIII - The Last Jedi rapporte 1.300.000.000$ mais divise les spectateurs. Il reçoit une campagne de dénigrement comme aucun autre opus d'une grosse franchise n'en a jamais vécu par les connaisseurs de l’univers de Star Wars.

En 2018, alors que la grogne n'est toujours pas éteinte, sort Solo : A Star Wars Story. Plombé par le limogeage des réalisateurs Phil Lord et Chris Miller et un désintérêt du public, le film est un échec avec seulement 390.000.000$ de récoltés dans le monde. Ce flop fait que la production des films A Star Wars Story est stoppée tandis que Bob Iger, le PDG de The Walt Disney Company, avoue s'être trompé en voulant proposer des films tous les ans.

Kathleen Kennedy, la directrice de Lucasfilm, choisit Colin Trevorrow pour écrire et réaliser le dernier épisode de la postlogie. L'embauche de Trevorrow est annulé deux ans après son embauche à la suite d'un désaccord artistique. Ce n'est pas le premier aléa de production que connaît les Star Wars de l’ère Disney, rappelons Gareth Edwards qui a dû accepter de gros reshoots sur son Rogue One : A Star Wars Story, rappelons (encore une fois) que Phil Lord et Chris Miller se sont fait virer de Solo : A Star Wars Story pour être remplacés par Ron Howard, et enfin, rappelons que les scénaristes David Benioff et D.B. Weiss, connus pour la série Game of Thrones, abandonnent aussi leur projet de films Star Wars après avoir été enrôlés un an plus tôt.

De là à penser que Lucasfilm ne sait ni retenir, ni dialoguer avec ses talents, il n'y a qu'un pas sachant que la faute semble incomber à Kathleen Kennedy. Après tout, les autres labels de Disney comme Marvel ou Pixar ont beaucoup moins de soucis et parviennent à produire sans histoire durant la production.

J.J. Abrams est alors appelé à la rescousse pour conclure la trilogie qu'il avait commencée avec Star Wars, Episode VII - The Force Awakens. Il va terminer l’écriture avec l’aide de Chris Terrio, ainsi que réaliser Star Wars, Episode IX - The Rise of Skywalker pour une sortie en 2019.

Star Wars, Episode IX - The Rise of Skywalker est donc l'épilogue de la saga, mais aussi la synthèse de la postlogie. Ce neuvième épisode va, dans le même temps, essayer de contredire ce qui a été fait dans l’épisode précédent. Prenons les quelques exemples de la relation entre Finn et Rose complément abandonner ou alors la quête parental de l’héroïne. J.J. Abrams va tout de même garder les rares bonnes idées comme la connexion par la Force entre Rey et Ben.

Ce qui fait de la postlogie, une trilogie déconstruite et complètement loupée.

Le plus choquant reste le retour de l’Empereur Palpatine (suite à l’exécution de Snoke). Le public apprend ainsi que le Sith tirait les ficelles depuis le début de la postlogie en mettant en place, petit à petit, tous les éléments afin de mûrir sa vengeance et organiser la restauration de son empire. Étonnamment, l'information du retour de ce méchant iconique est donnée d'emblée dans le film sans réelle explication. Mort et ressuscité ou ayant réussi à survivre grâce à ses pouvoirs Sith, clonage, aucun éclaircissement n'est donné. Et c'est bien dommage. Il aurait, en effet, été intéressant de prendre le temps de conter ce retour et de l'expliciter un tant soit peu.

Malgré le manque de conceptualisation, l'entame est visuellement superbe et intense. L'apparence de l'ancien Empereur, toujours interprété par l'iconique Ian McDiarmid, est d'ailleurs osée, presque effrayante avec un corps rabougri, quasiment en décomposition avec des globes blancs à la place des yeux. Dans ces passages, l'imagerie proposée se rapproche de certains films d'horreur, une sensation amplifiée par les décors du temple Sith qui amènent une mythologie mystique plutôt bluffante.

Le retour de l’Empereur Palpatine aurait certes eu besoin d'éclaircissements. Néanmoins, il permet de relier les trois trilogies en devenant le méchant de la saga Skywalker, un mal qui décidément n'arrive pas à être éradiqué. Lors de la promotion, J.J. Abrams et Kathleen Kennedy ont avoués que la réapparition de Palpatine était prévue depuis le début du lancement de la postlogie, bien que ce soit totalement faux comme nous le prouve les scénarios écrit par Colin Trevorrow avant son licenciement.

Colin Trevorrow a d’ailleurs très mal vécu son licenciement, le définissant de traumatisant. Il a pris la peine de dévoilé son scénario de Star Wars, Episode IX - Duel of the Fates sur la toile et trouvable facilement pour que les spectateurs puissent se faire une idée. Scénario audacieux que les fans (et même certains acteurs) auraient voulu voir sur grand écran.

Au delà du retour de Palpatine, le cœur de la postlogie toute entière, repose bien sur la relation entre Rey et Kylo Ren, faite d'attirance et de rejet, d'ombre et de lumière. Elle permet surtout de remettre en avant la thématique principale des deux premiers volets de la dernière trilogie, à savoir l'héritage familial et spirituel. Le personnage de Rey constitue d'ailleurs le véritable porte-étendard de cette narration. Daisy Ridley brille alors de nouveau sous les traits de la jeune Jedi avec ses peurs et ses bravoures. Elle ressent une part d'ombre au fond d'elle-même, emplie de colère et de peur, des sensations qu'elle sait mener au Côté Obscur. La révélation sur sa filiation va alors totalement la bouleverser. En faire la descendante de Palpatine, une héritière dont la maîtrise de la Force est puissante, a l'avantage aussi d'expliquer pourquoi la jeune fille a autant de facilités dans son utilisation. Avec cette filiation, la saga principale de Star Wars ne se limite plus à n'être que celle de la famille Skywalker mais devient aussi celle des Palpatine avec des destins qui s'entrecroisent au cours de chacun des épisodes. Malgré la belle évolution de Rey, la clé et la plus grande réussite de la postlogie sont à rechercher du côté de Kylo Ren, soit Ben Solo sous son masque. Porté par un Adam Driver fabuleux, le petit-fils de Dark Vador passe par tous les stades : de Suprême Leader, au vassal de Palpatine, de sa relation dans la Force avec Rey jusqu'à sa rédemption où il redevient Ben Solo. L'idée de la dyade dans la Force, deux êtres complémentaires ayant une connexion forte est plutôt excellente et offre de belles interactions entre les deux personnages. La conclusion magnifie l'intensité du lien, d'une force incroyable mais d'une ambivalence remarquable. Autre fait intéressant, le parcours de Ben Solo dans le film, et en prolongement dans la postlogie, est à mettre en parallèle avec celui de son grand-père Anakin Skywalker. Là encore, le spectateur remarque un miroir inversé de la prélogie avec un être mauvais tombé dans le Côté Obscur qui va finalement retrouver la lumière et être capable de sauver la femme qu'il aime en lui offrant sa vie. Il s'agit là du total inverse de celui qui allait devenir Dark Vador qui restera en vie, mais sera à l'origine de la mort de l'amour de sa vie.

Le décès prématuré de Carrie Fisher le 27 décembre 2016 plonge évidemment les fans dans une terrible tristesse et Lucasfilm dans un grand embarras. Après Han Solo dans le septième épisode et Luke Skywalker dans le huitième, l'actrice devait jouer un rôle central dans le dernier volet de la postlogie. Malheureusement, ce ne peut plus être le cas et cela pose un problème narratif. Pour pallier ce souci, J.J. Abrams décide d'utiliser des rushes de Carrie Fisher coupés lors du montage du septième et huitième épisode.

Billy Dee Williams sera la touche nostalgique en revenant dans son personnage de Lando Calrissian.

De nombreux autres anciens personnages apparaissent pour conclure la saga, forcément C-3PO, Chewbacca et Rose. Mais aussi le Général Hux, les Chevaliers de Ren, R2-D2, BB-8, Maz Kanata, les Ewoks ou Nien Nunb et bien d’autres.

Le film a l'avantage de proposer des aventures communes au trio formé par Rey, Finn et Poe. Il est ainsi vraiment grisant de les voir ensemble au contraire du précédent film où ils avaient été séparés. Leurs tribulations permettent aussi d'approfondir les personnages de Poe Dameron et de Finn qui ont droit à de belles évolutions. Le spectateur en apprend ainsi plus sur le passé de Poe Dameron, le montrant sous un angle plus vaurien dans un parallèle évident avec Han Solo. Oscar Isaac campe alors toujours aussi bien le personnage avec son irrésistible côté tête brûlée, mais aussi avec une inédite capacité de meneur d'hommes. Finn est toujours interprété par un John Boyega qui reste toujours aussi sympathique. Le personnage a manifestement pris beaucoup d'assurance depuis le dernier film et est désormais un membre totalement investi dans la cause de la Résistance. Finn passe le film à vouloir avouer quelque chose à Rey et à elle seule, mais il n'en a jamais l'occasion. Le public se devant alors de la deviner, il semblerait ainsi que Finn se connecte de plus en plus avec la Force.

Il faut saluer sans aucune réserve la musique de John Williams qui livre ici sa neuvième et ultime partition pour la saga Star Wars. Il propose un mélange parfait de son travail sur la postlogie avec, en plus, des reprises de nombreux thèmes de la trilogie originale.

Star Wars, Episode IX - The Rise of Skywalker est indéniablement un échec souffrant de problèmes de rythme et d'un montage trop serré. Un échec en terme de film, de fin de trilogie et de fin de saga. Il aurait eu besoin de plus de temps pour approfondir certaines idées. Ce constat fait, il hérite de son échec à cause du Star Wars, Episode VIII - The Last Jedi déconstruisant tout ce qu’avait fait Star Wars, Episode VII - The Force Awakens.

StevenBen
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le 9 mai 2023

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Steven Benard

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