Alors que le Premier Ordre traque sans relâche la Résistance, Rey (Daisy Ridley) cherche à convaincre Luke Skywalker (Mark Hamill) de se mêler à nouveau au combat contre la tyrannie. Je vous parlerais bien de Finn pour compléter ce résumé très succinct, mais on ne sait toujours pas à quoi il sert…


Il était inévitable qu’un jour, quelqu’un décide de s’intéresser de près à ce qui constitue sans nul doute le plus gros point noir de la grande saga Star Wars : la Force. Propice à tous les délires possibles et imaginables, ce concept de Force n’a aucune définition stricte, aucun cadre, car il ne renvoie à aucune réalité bien définie, et ouvre donc la voie à un champ infini de possibilités scénaristiques que le spectateur ne pourra jamais contester puisque personne ne sait exactement en quoi consiste la Force.
Dans cet épisode VIII, Rian Johnson s’en donne donc à cœur joie pour faire de la Force un joujou censé sortir les personnages de n’importe quelle impasse scénaristique. C’est ainsi que l’on verra


Leia se promener sans souci dans l’espace lors de la scène la plus grotesque de toute la saga ou Luke se téléporter afin d’éviter le combat,


sans que l’on soit supposé faire remarquer que quelque chose cloche. A cette image, Rian Johnson peine à donner à ce Star Wars une vraie crédibilité en multipliant les situations rocambolesques, qu’il espère pouvoir faire passer sur le compte de l’humour en cas d’éventuel blocage d’un spectateur indocile.
Car un autre problème du film (certes mineur), c’est que, Johnson ayant sans doute oublié qu’il n’était pas dans Les Gardiens de la galaxie, il profite du moindre moment un tant soit peu sombre ou profond de son film pour y glisser une pointe d’humour souvent mal venue, qui vient briser ses effets dramatiques de manière certes assumée mais pas moins regrettable, provoquant souvent un rire gêné de la part de ceux de ses spectateurs qui trouvent que Star Wars vaut tout de même mieux que le premier Marvel venu.
Mais voilà, on sait bien que le propre d’un épisode de Star Wars n’est pas d’être dénué de défauts, mais de savoir les mettre au second plan grâce à un grand spectacle qui sache en mettre plein les yeux à ses spectateurs. Et c’est encore le cas ici, même si l’action reste relativement réduite (la bataille de Crait, bien trop courte), la belle photographie de Steve Yedlin assurant sa tâche à merveille, même si elle n’égale pas tout-à-fait celle de son aîné Dan Mindel sur Star Wars VII.
Cela n’empêche pas Rian Johnson de développer intelligemment ses personnages, et particulièrement l’excellent duo Rey/Kylo Ren, ce dernier évoluant de manière fort intéressante, aidé en cela par le talent sans faille de son interprète Adam Driver. Cela ne rend pas tous les personnages intéressants, et pour ces deux-là, décidément très bons, il faudra supporter le tête-à-claques Poe Dameron et l’inutile Finn, dont la romance avec une asiatique encore plus inutile n’a pour seule utilité que de rappeler qu’à l’image de tout Hollywood, Disney vit sous le règne du politiquement correct. Toutefois, la relation Rey/Kylo Ren suffit largement à redresser ce Star Wars, en atténuant un certain nombre de choix scénaristiques douteux, à commencer par cette idée malheureuse de se débarrasser de Snoke sans l’avoir rendu utile un seul instant, ou bien d’avoir relégué les personnages de Luke et Leia au rang de personnages encombrants qui ne servent à rien d’autre qu’à attiser la nostalgie des fans.
Dommage mais pas irrémédiable, ce huitième épisode ayant tout de même de belles images à nous proposer, d’un sympathique exotisme dû aux nouvelles planètes que l’on visite (même si Canto Bight semble davantage sortie d’un Harry Potter que d’un Star Wars), et quelques trouvailles scénaristiques intéressantes, telles que l’ambiguïté de Luke quant à la responsabilité de l’origine de Kylo Ren, celle du vice-amiral Holdo, qui, en un retournement bien pensé, détruit les clichés que l’on craignait de voir s’accumuler autour d’elle, ou encore l’ambiguïté des marchands d’armes, soulevée par Benicio del Toro en une phrase très bien trouvée. Ces quelques idées, peu exploitées mais bien présentes, ainsi que la partition toujours aussi efficace de John Williams viennent sauver la mise de ce qui aurait pu être un des épisodes les plus faibles de la saga Star Wars, à cause de l’acharnement avec lequel il détruit ce que son prédécesseur avait construit. Mais avec cet exercice de style de haut vol, Rian Johnson nous rappelle trop combien il est un réalisateur sur lequel il faut compter pour qu’on lui en tienne vraiment rigueur…

Tonto
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le 14 déc. 2017

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Tonto

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