L’acteur irlandais Cillian Murphy s’associe de nouveau avec le réalisateur flamand Tim Mielants et son amie l’actrice Emily Watson. Tous trois s’étaient illustrés au sein du drame sur les pensionnats de bonnes sœurs en Irlande « Tu ne mentiras point », une œuvre qui revenait sur le scandale de ces instituts dans les années 80. Il faut dire que ce film austère, lent et qui ne rendait pas honneur à son sujet par son traitement (contrairement à « The Magdalene Sisters ») ne nous avait pas vraiment convaincu. Cette fois, on avance dans le temps car le film se déroule au milieu des années 90 et on progresse largement en qualité avec « Steve » qui lui traite des foyers d’éducation pour jeunes à problèmes.
Ces structures ont également été sujettes à débat à cause du prix qu’elles coûtaient à l’état sans être vraiment sûr de leur bienfondé pour la société. Le cinéaste en parle ici mais survole quelque peu leur impact final et avéré sur les jeunes tout comme l’appréciation de ces foyers par la société et les pouvoirs publics. Il préfère se concentrer quasiment uniquement sur le parcours de l’un de ses éducateurs sur une seule et même journée. Le film dure une heure et trente minutes chrono, il était donc difficile de creuser certains aspects avec une telle durée. C’est un peu dommage tant une analyse plus approfondie sur un tel sujet aurait été pertinente en plus de densifier le propos et de rendre « Steve » moins classique. En effet, on ne compte plus les œuvres sur ce type d’endroits, peu importe leur nationalité et le genre utilisé, de la comédie au suspense en passant par le drame comme ici. On est donc ici dans un sous-genre rebattu et l’impression de déjà-vu est présente même si pas mal de points permettent au film de se différencier.
En premier lieu, le fait que « Steve » se déroule sur un jour, presque en temps réel, est peu commun pour ce type de films. Un peu comme l’ont fait « En première ligne » ou « L’intérêt d’Adam » pour les films d’hôpitaux, le fait de resserrer l’intrigue sur une petite période temporelle permet de créer un sentiment d’urgence et intensifie notre ressenti. Ici, pas de surprises, les adolescents croisés sont intenables, violents et parfois insupportables mais ils ont du cœur. On est dans une œuvre sociale et que l’on sent humaniste. Tout comme on est convaincus de l’investissement de cette équipe de professeur/éducateurs. Tous sont joués de manière impeccable, de Tracey Ullman à Emily Watson, mais c’est bien sûr le rôle-titre joué par Cillian Murphy qui règne en maître sur l’interprétation. Il est royal et se donne corps et âme pour ce rôle dans un long-métrage qu’il produit.
La mise en scène de Tim Mielants est au plus près des personnages et cherche le vérisme à tout prix. C’est réussi, on est vraiment immergé dans cet institut dont on ne sortira pas et où la journée va être chargée en péripéties de toute sorte. Le cinéaste ose aussi des digressions visuelles étonnantes comme cette caméra qui tourne à l’envers et fait le tour du domaine dans un élan formel sublime mais totalement inutile, juste pour le plaisir du geste. Quelques séquences de démonstration technique et esthétique du genre qui tranchent dans « Steve » et apparaissent quelque peu étranges mais qui rendent ce film au contexte banal un peu plus original.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.