Un biopic shakespearien pour initiés.

Voici un biopic sur la vie de Steve Jobs. Comme pour tous les biopics, il faut faire un choix : que raconter de la vie d'un personnage aussi controversé et emblématique d'une époque que Steve Jobs ? Si j'ai bien aimé le biopic Jobs de Joshua Michael Stern, Steve Jobs de Danny Boyle est consternant. D'abord, il est codé : rien n'est identifiable, compréhensible ou évident pour quelqu'un qui ignore tout de la vie du personnage principal. L'intérêt de ce biopic est de présenter un personnage shakespearien, autiste, mal aimé et parfois sans cœur : Steve Jobs. À la manière d'un Jules César, on constate que Steve Jobs n'existe qu'à travers l'affrontement : avec ses proches, avec ses collaborateurs, avec son passé. Dans le film Jobs de Joshua Michael Stern, on arrive à entrer dans l'histoire grâce à des personnages secondaires hauts en couleur, et le film fonctionne : le spectateur ressort du film avec une vision claire et un bon moment de divertissement. Ici, dans ce biopic, rien de tout cela : 2 heures de joutes verbales avec des références codées. Alors que Jules César est encore connu de tous, par l'importance de ses réalisations, Steve Jobs, lui, finira dans l'oubli consumériste nécessaire à la nouveauté. Et ce biopic sera vite oublié, malgré l'excellent jeu d'acteur digne d'une tragédie shakespearienne.