"Les musiciens jouent d'un instrument, moi je suis chef d'orchestre."

Comment susciter l'intérêt en nous racontant l'histoire d'un génie détestable ? C'est le tour de force que réalise Danny Boyle avec son Steve Jobs.


On ne va pas se mentir, bien que la plupart des produits Apple se vendent par millions à des prix exorbitants sous prétexte qu'ils sont différents et mieux conçus, il n'en demeure pas moins qu'il ne s'agit que de gadgets. Sous la caméra de Danny Boyle, ces gadgets deviennent des œuvres d'arts ou de belles supercheries, toutes conçues et formatées par un maniaque arrogant et prétentieux.
En fait là où le film fonctionne c'est parce qu'il ne nous prend pas pour des cons, contrairement à Apple la plupart du temps (parce que non votre Iphone 6 ne révolutionne pas votre Iphone 5, il est juste plus grand et plus encombrant). Non Boyle fait le choix de dépeindre la marque telle qu'elle est, c'est à dire destiné à une élite d'initiés, sans pour autant prétendre que ces initiés valent mieux que les autres. Acheter Apple c'est bien, quand on peu, mais il n'y a pas non plus de mal à faire comme moi qui rédige cette critique sur un Windows.


Grâce à une écriture habile et une mise en scène aux petits oignons, Boyle parvient à faire ressortir chaque facette du personnage de Jobs pour en révéler toute l'humanité. Une entreprise pas si simple que cela étant donné toute la complexité du bonhomme, Fassby est d'ailleurs excellent. Encore mieux, il réussi aussi à donner de l'importance aux second-rôles et heureusement d'ailleurs, car même si la dernière demi-heure du film parviendrait presque à nous faire apprécier Jobs en tant que personne, il est difficile de se rattacher à lui durant le reste du métrage. Kate Winslet et Jeff Daniels sont tous deux très justes.
A vrai dire si le film fonctionne bien c'est grâce à la fluidité des dialogues et à la narration simple mais efficace. Pourquoi s'embêter à narrer toute la vie d'un personnage quand quelques moments précis suffisent à transposer toute son essence ? Boyle a je pense fait le meilleur des choix qui soient. Le tout est survolé d'une très bonne composition de Daniel Pemberton, toute en nuances et en sonorités électroniques.


Steve Jobs n'est pas une révolution (il fallait bien que je la case quand même !), mais un excellent film sur ce qui de prime abord s'apparente être un odieux connard, un homme ambitieux en somme.

Créée

le 8 févr. 2016

Critique lue 283 fois

E-Stark

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