Vertigo est indéniablement une œuvre cinématographique essentielle. C'est un film d'une richesse thématique fascinante, explorant l'obsession, le fétichisme et la manipulation avec une profondeur psychologique rare. La mise en scène d'Alfred Hitchcock est, par moments, sublime, notamment avec l'utilisation emblématique du "vertigo shot" qui traduit avec brio le trouble du héros, Scottie Ferguson (James Stewart), et la musique de Bernard Herrmann est absolument envoûtante, créant une atmosphère de rêve fiévreux et d'angoisse.

​Cependant, malgré son statut de classique, le film montre quelques faiblesses qui peuvent tempérer l'enthousiasme.

Les Points Forts

  • James Stewart est exceptionnel dans le rôle de l'homme brisé et obsessionnel.
  • La Subversion du Thriller : Le twist central, révélé au spectateur avant le héros, déplace le film d'une enquête policière vers un drame psychologique et une étude de caractère troublante.
  • L'Esthétique : L'usage des couleurs, des spirales et les décors de San Francisco confèrent au film une beauté et une ambiance onirique inoubliables.

Points de Réserves (qui justifient le 7/10) :

  • Le Rythme : Surtout dans la première moitié (la filature de Madeleine), le rythme est délibérément très lent, ce qui peut être perçu comme languissant par un public habitué à une narration plus rapide. Certains longs plans de filature traînent en longueur.
  • La Longueur du Milieu : Une fois la révélation du twist effectuée, la section où Scottie re-façonne Judy à l'image de Madeleine, bien que cruciale psychologiquement, peut paraître répétitive et étirée en intensité dramatique.
  • La Caractérisation Féminine : Kim Novak est magnifique, mais les personnages féminins, en particulier Judy, sont principalement définis par l'obsession masculine, ce qui peut paraître daté ou frustrant.

En conclusion :Vertigo est une expérience cinématographique incontournable. Mais en tant que thriller, il privilégie la psychologie et la contemplation à l'action pure. Son rythme soutenu par l'obsession et non par le suspense haletant justifie pour certains de ne pas le considérer comme un pur chef-d'œuvre de divertissement, mais plutôt

comme un grand film d'auteur avec ses moments de flottement. Un 7/10 pour un classique complexe, imparfait dans son rythme, mais essentiel dans son propos.

Créée

il y a 4 jours

Critique lue 12 fois

3 j'aime

7 commentaires

DirtyVal

Écrit par

Critique lue 12 fois

3
7

D'autres avis sur Sueurs froides

Sueurs froides
Hélice
10

Madeleines proustiennes

Hitchcock grand lecteur de Proust? J'ignorais. Et pourtant, à (re)voir Vertigo, je m'émerveille devant ce fil solide enchaînant un film à suspense (tout comme la Recherche est à bien des égards un...

le 26 juil. 2011

135 j'aime

18

Sueurs froides
guyness
7

Comment je me suis réconcilié (ma vie artistique)

Nous trainons tous deux ou trois boulets sur le site. Des tares honteuses et presque inavouables. Le fait de détester les Inconnus (à travers leur télé, ma critique la plus haïe ici, avec un ratio...

le 31 janv. 2014

102 j'aime

102

Sueurs froides
Krokodebil
10

Variations troubles sur un homme tourmenté

Probablement le meilleur film du grand Alfred. Il y pousse à leur paroxysme toutes ses névroses, ses fétichismes et ses perversions. Le scénario même du film épouse ses états d'âme et la mise en...

le 3 janv. 2013

85 j'aime

8

Du même critique

Sacré Cœur
DirtyVal
7

La Revanche du Film Muselé

Un docu-fiction qui touche l'âme.Le film Sacré Cœur, réalisé par Sabrina et Steven Gunnell, est bien plus qu'un simple documentaire. C'est un docu-fiction saisissant (sorti le 1er octobre 2025) qui...

le 9 oct. 2025

19 j'aime

2

A House of Dynamite
DirtyVal
1

Un Gâchis Dégoupillé : Le thriller sans fin qui tourne en rond et nous prend pour des idiots.

A House of Dynamite, malgré les attentes placées dans sa réalisatrice Kathryn Bigelow, est un échec retentissant. Sous l'emballage d'un thriller urgent sur la crise nucléaire, ce film est une œuvre...

le 26 oct. 2025

15 j'aime

5