Sugar Man par Patrick Braganti
C'est un documentaire tout simple qui fait la part belle aux témoignages et nous transporte de Detroit aux États-Unis en Afrique du Sud pour nous raconter l'histoire pas banale du musicien dénommé Sixto Rodriguez. Celui qui fut comparé à Bob Dylan, chapeauté par le boss de la Motown, est ensuite tombé dans l'oubli. N'ayant eu aucun succès dans son pays, alors que les Africains du Sud en plein apartheid en faisaient leur idole et s'arrachaient ses deux seuls albums, les rumeurs de suicide (balle, immolation) ont couru sur lui. Un journaliste sud-africain va faire revivre la légende, en découvrant que Sixto Rodriguez n'est pas disparu et mène une existence paisible dans sa maison de Detroit qu'il occupe depuis 40 ans. Raconté par ses anciens producteurs, un collègue de travail et ses trois filles, le musicien n'apparait réellement qu'à la moitié du film. L'homme élancé, d'origine mexicaine, est empli de sérénité et de sagesse, ce qui le rend infiniment sympathique et attachant. Sans forfanterie, avec la tranquillité de ceux qui ne doutent pas, il se produit pour quelques concerts en 1998 au Cap devant des milliers de personnes enthousiasmées d'assister à ce qu'il convient d'appeler une résurrection. Pour autant, l'homme de retour à Detroit ne changera rien à ses habitudes et n'achèvera pas son troisième opus, se limitant à gratter sa guitare de temps à autre. Au-delà de cette trajectoire incroyable, c'est aussi une belle parabole sur le sens donné à la vie et sur la richesse intérieure, autrement infinie et source de plénitude que les possessions matérielles. Des façons de voir l'existence que l'homme a inculquées à ses trois filles.