Superman
6.2
Superman

Film de James Gunn (2025)

Je ne vais plus voir de films de super-héros. Parce que l’âge d’or est passé, et qu’il s’avère qu’il coïncidait avec une époque où mes enfants avaient encore l’âge pour être accompagnés au cinéma. On s’est bien amusés, jusqu’à la conclusion des Avengers. Par la suite, ils pouvaient y aller par eux-mêmes, ce qu’ils n’ont pas vraiment fait d’ailleurs, et moi non plus.


J’ai vu à distance que de nouveaux arcs se créaient, sans m’impliquer, d’autant que les rares occasions où je redonnais sa chance à un opus d’une franchise, on m’expliquait que je n’avais pas la vision parce que j’aurais dû me fader cinq autres longs métrages, trois séries, quatre novélisations, et bien entendu connaître le comic de base pour pouvoir me positionner. Très fatigant.


J’ai donné sa chance à quelques initiatives, quand Sam Raimi a rejoint l’écurie notamment, et c’est vrai que j’ai gardé une certaine tendresse pour James Gunn. Les Gardiens, c’était fun, et son retour sur Suicide Squad a presque rincé mes yeux meurtris par l’étron acide que m’avait aspergé Ayers à la tronche.


Je ne sais pas ce qui m’arrive depuis quelques temps, mais j’apprécie les blockbusters – ceux que je vais voir, en tout cas. J’ai bien aimé F1, et même Jurassic World : Renaissance. C’est évidemment totalement momifié par les ingrédients made in US, mais après tout, c’est dans l’ADN d’un blockbuster, et j’ai réussi à me laisser divertir. Peut-être que la diète a fait son effet.


J’ai donc donné sa chance à ce Superman, qui joue clairement dans cette idée d’un plaisir simple, très cartoon, une ligne claire aux antipodes de la mythologie épaisse comme un baril de pétrole que nous avait coulée Snyder. Gunn reprend clairement ses marottes : du fun, des animaux (le film est clairement financé par la SPA), des morceaux de bravoure musicaux (la fusillade avec les sphères sous le dôme qui renvoie directement à la scène des flèches lumineuses dans Les Gardiens) et un goût pour la fantaisie lorgnant vers l’absurde.

C’est tout à son honneur que de vouloir offrir son spectacle avec autant de générosité, d’autant plus lorsqu’il tente de faire des ponts avec les horreurs de la géopolitique contemporaine, questionnant l’ingérence américaine et le statut des migrants. Il tente, quoi.


Mais bon : point trop n’en faut. La multiplication des lieux, des personnages, des enjeux fait du film un vaste échiquier où l’on se déplace sans grande fluidité, et où les événements s’enchaînent sans enjeux. C’est d’ailleurs assez intéressant de voir se dessiner une nouvelle tendance, celle de la lassitude : dans Jurassic Wolrd : Renaissance, tout le monde s’en tape de voir un Diplodocus mourant dans la ville. Les citoyens de Metropolis continuent à boire leur café pendant les cataclysmes, et la scène de couple entre Clark et Loïs se fait devant un combat épique en arrière-plan qui ressemble à une animation de fond d’écran Windows.

On connaît le principe, on sait ce qu’on va nous servir, on sait comment ça va se terminer, on sait qu’on nous dissémine les ingrédients des suites de la franchise.


Cela explique sans doute qu’on n’a absolument aucune empathie pour ce Superman qui semble déjà remplacé par son avatar Playmobil, ni tous les personnages qui l’entourent. Quand il faut créer un chien en CGI pour essayer de décrocher des élans de tendresse du public, il y a de quoi s’inquiéter. Alors on gratine tout ça avec des fleuves de pixels, un chauve geek, des mains disqueuses, des enfants du tiers-monde, des poulpes à tête humanoïdes, des fucks en plasma vert, des chiens volants et un écureuil sauvé au ralenti.

Tout cela reste vraiment très fatigant. J’aurais peut-être dû m’abstenir.

Sergent_Pepper
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le 11 juil. 2025

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