Superman
6.2
Superman

Film de James Gunn (2025)

De l’Homme d’Acier à l’Homme en PLS


- Tu parles sérieusement ?
- Oui.
- Tu me laisserais t'interviewer en Superman ?
- Oui.
- Prêt ?
- Allons-y !
- Superman.
- Mme Lane.
- Vous avez essuyé de vives critiques.
- Pas si vives que ça.
- Très vives. Le ministre de la Défense veut enquêter sur vos activités. C'est drôle ?
- Mes activités ?
- J'ai arrêté une guerre.
- Peut-être.
- Non, c'est sûr.
- Vous êtes entré dans un pays illégalement.
- Sérieusement ?


Man of Harem



Ah mais non, non, non… HALALALALA !!! Mais qu’est-ce que c’était que ça ? Je suis sorti de la salle avec l’impression d’avoir assisté à un naufrage cinématographique. Une purge ! Une bouillie numérique déguisée en reboot nanardesque. Un désastre intersidéral qu’on m’a vendu comme le renouveau tant attendu du DC Universe. Et tout ça sous la houlette de James Gunn, le grand nettoyeur, le prophète du "nouveau départ". Eh bien bravo, première pierre posée, et déjà on a envie de tout raser. Mais attends, j’oubliais : on n’a pas le droit de critiquer ! Le fanclub avait déjà sacré ce film "chef-d'œuvre" trois mois avant sa sortie. Tu dis que c’est nul ? T’es un rageux, un frustré, un troll jaloux du génie de Gunn. Voilà, c’est dit, je suis un rageux. Un rageux lucide, qui souffre pour le cinéma. Et maintenant que l’étiquette est collée sur mon front, je vais pouvoir me lâcher. Préparez les pansements, ça va saigner, parce que ce film, c’est une agression visuelle, un vide narratif, et une insulte au bon goût. Le DCU mérite mieux que ça. Nous aussi. C'est nul, nul, nul, nul, nul !



Tout, absolument tout dans ce film, transpire le mauvais goût à un niveau dingue. J’ai beau faire tourner mon cerveau comme une centrifugeuse, rien ne me revient. Pas une scène vaguement épique, pas une émotion sincère, pas un moment de grâce. Le néant, le vide, le gouffre intergalactique du cinéma de super-héros. Et pourtant, Dieu sait que je suis partisan du fameux « chacun ses goûts ». Mais là, sérieusement, à moins de confondre l’écran de cinéma avec un film de Marc Dorcel, il faut une sacrée souplesse mentale pour croire qu’on puisse trouver ça génial. Commençons par le scénario de James Gunn, qui nous présente un chef-d’œuvre d’incohérence, de paresse et de militantisme déguisé en fan service (et il assume !). Le potentiel est bien là, certes, tapi quelque part dans un coin du scénario, mais jamais convoqué à l’écran. Et dans sa grande sagesse, James Gunn avait prévenu dès le départ que son script serait woke et militant, point final.

— "Mais attendez, je croyais que ce film était avant tout comics accurate et pensé pour les fans..."

— Ferme-la. Gunn a dit point barre, et les réfractaires peuvent aller « se faire voir » (oui, oui, c’est une citation authentique).

Message reçu cinq sur cinq, James. Alors puisque tu ne prends aucun gant avec ton public, permets que je fasse de même, car moi non plus, je ne vais pas y aller avec des pincettes.



Le film aligne les sujets comme un jeu de mots mêlés d'où on ne comprend rien et qui en plus ajoute à la controverse, entre un sous-texte géopolitique mal digéré, qui singe grossièrement le conflit israélo-palestinien (avec une prise de parti pas du tout subtile) ; une critique poussive des réseaux sociaux et de la cancel culture digne d’un édito Facebook d'un gamin de 5 ans (et oui, car les gens pas content sur les réseaux sociaux sont tous des singes à la botte de Luthor, des fascistes de merde !); une leçon sur l’immigration qui aurait mérité un minimum de subtilité mais qui s'écrase au sol comme le président boravien ; et le tout, emballé dans un humour qui hésite entre la blague de CM2 et la blague pour ado située entre les jambes. Et là-dedans, on nous jette un Superman. Ou plutôt, une sorte d’icône en carton-pâte, prise en otage dans un carnaval de kitch assumé, parce que figurez-vous que « c’est comic accurate, donc c'est forcément génial ! ». Ah bon ? Donc si c’est criard, creux et surjoué, c’est excusé, parce que ça fait authentique ? Non merci. Et comme si ça ne suffisait pas, on te balance un mini-univers de science-fiction/fantastique cousu à la truelle avec l'univers de poche de Luthor, en mode « t’as qu’à suivre, c’est magique ! ». Il en découle un récit chaotique, où l’on ne peut se raccrocher à rien tant tout part dans tous les sens. Un vrai capharnaüm narratif. Tenter de suivre un fil scénaristique là-dedans, c’est comme chercher une pièce dans une benne à ordures. Ah, je ne peux pas m’empêcher de pouffer en pensant à tous ces experts autoproclamés du bon goût cinématographique qui, ces dernières années, nous expliquaient avec la passion d’un évangéliste que Man of Steel, c’était « problématique ». Trop de destructions, trop de gravité, pas assez de sourires de Superman, et, sacrilège ultime avec une lecture politique sous-jacente ! Quelle horreur, vraiment. Eh bien les amis, j’espère que vous avez gardé vos pancartes indignées, parce qu’avec ce nouveau Superman, il va falloir rejouer le sketch… mais en version hardcore. Parce que là, on a encore plus de casse urbaine, mais aussi en prime du chaos scénaristique, avec un Superman qui ne sourit pas plus, ou peut-être… mais pendant qu’il se fait marcher dessus, et niveau politique bein les amis vous allez prendre encore plus cher puisqu'on va par dessus le marché vous faire de la moralité à deux de neurones.


Tes choix. Tes actes. Voilà ce qui fait de toi qui tu es.


Même autour de l’écriture des personnages, c’est l’anarchie complète. On n’a pas le temps de s’attacher à qui que ce soit car il y en a vingt par plan, balancés à la chaîne sans la moindre nuance. Et pour ceux qui ne connaissent pas les comics ? Eh bien bon courage, parce qu’on ne vous tendra jamais la moindre rame pour éviter la noyade. Le traitement des personnages est une blague. Fait à la va-vite comme s’ils avaient été écrits entre deux tweets de Gunn, visiblement davantage pris par la promo que l'écriture. Superman est quant à lui un vulgaire punching-ball. Il passe son temps à se faire rouer de coups par à peu près tout le monde, avant d’être sauvé, encore et encore, par quelqu’un d’autre. Il est censé être le héros, mais il n’a jamais la moindre prise sur l’intrigue. David Corenswet n’est pas mauvais, non, juste totalement effacé. On ne retiendra de lui que ses cris de douleur et ses cascades façon sac de sable. Un Superman façon carpette de salon avec un costume qui tient davantage d'un pyjama. Lex Luthor par Nicholas Hoult, eh bien quand il se tait, ça passe à peu près. Quand il parle, on dirait un mélange raté entre un enfant vexé et Light devant sa défaite dans Death Note. Et Gunn, dans un éclair de génie, le fait pleurer comme un môme qu’on aurait privé de dessert lorsque celui-ci est vaincu, pas par Superman, mais par sa copine TikTokeuse, qui est une influenceuse décérébrée qui trompe Luthor avec Jimmy Olsen. Elle lui envoie des sexto et en même temps les plans secrets de son repaire ainsi que ses plans diaboliques. Mais attendez, ce n’est pas fini. Car Lex, le grand méchant, le cerveau du mal du DC Universe, en plus de pleureur, se fait lamentablement pulvériser… par Krypto, le Chien. Oui, un toutou volant vient l’humilier dans une scène soit disant "drôle". Le mythe de Luthor s'en trouve écrabouillé en pâtée pour chien pour Krypto.



Et puisqu’on parle de Krypto… alors là, on touche au sommet de l’absurde. Déjà, on en vient à se demander si ce n’est pas lui, le véritable héros du film. Autant renommer le film Superdog : Le prince de Krypton. Mais le pire reste à venir. Comment détourner Krypto pour atteindre Superman ? Ah, attention, l' idée de génie : bein on balance dans les airs une ribambelle de chats volants avec des capes. Oui, des chats. Qui volent. Avec des capes. Et notre brave toutou passe son temps à leur courir après sans jamais les attraper. Pourquoi ? Parce que c’est censé être drôle, voyons ! C’est burlesque ! C’est absurde ! C’est… pathétique. Lois Lane par Rachel Brosnahan fait ce qu’elle peut avec le néant qu’on lui donne. Un résultat totalement oubliable, comme 95 % du reste du casting. Et alors là, le pompon vient avec les parents. Ceux de Superman d’abord, les Kryptoniens, la "famille biologique" de Superman avec Jor-El et Lara. Un charmant tableau ! Des extraterrestres aussi mégalos que dégénérés, qui, dès leur apparition, te balancent leur plan de carrière pour Kal-El : asservir la Terre, réduire l’humanité à l’état de sous-espèce et, cerise sur le gâteau, fonder une race supérieure… grâce à un harem de femmes. Oui, tu as bien lu, un harem. Sa maman y tient ! Pas une métaphore, ni un délire passager, ou encore un piège de Luthor. Non, un vrai harem de "femelles" humaines, évoqué par sa mère, et qui va revenir sur le devant de la scène non pas une, mais plusieurs fois dans les dialogues. Comme si cette idée tordue revenait en boucle dans la tête de Gunn. Et là, difficile de ne pas se poser de sérieuses questions. Parce qu’à force d’insister sur ce fantasme tout droit sorti des bas-fonds d’un forum d’incels frustrés, le film ne fait plus sourire, il met mal à l’aise. On parle tout de même d’un héros censé incarner l’espoir, l’altruisme, l’humanité transcendée par le pouvoir. Pas d’un reproducteur en série envoyé par une planète eugéniste. Alors oui, James Gunn, si tu as des fantasmes de science-fiction post-freudiens, libre à toi, mais par pitié, épargne-nous ta thérapie de groupe déguisée en film de super-héros. Superman mérite mieux que ça. Et nous aussi. Vient maintenant les parents de Clark, Martha et Jonathan. Deux clichés de rednecks sortis d’un fantasme de Sandrine Rousseau. Des culs terreux. Le père, qui a du mal a aligner des phrases. La mère, à deux doigts de confondre son mari avec sa vache. Bon sang !



Techniquement, c’est un naufrage en slow motion, mais avec le son poussé à fond et des visuels qui défoncent les yeux. Les décors de Beth Mickle font tellement fake qu’on dirait par moments un fond vert sorti tout droit du film La Menace fantôme. On sent l’amour du faux numérique, mais pas sûr que ce soit volontaire. Passons aux costumes de Judianna Makovsky, qui sont un festival de kitsch invraisemblable, qui donne l’impression qu’un groupe de mamies a vidé un bac de tissus pour confectionner des costumes pour leurs petits-enfants. Sérieusement, j’ai vu des cosplayeurs amateurs avec plus de goût et de finition. Et puis il y a la photographie de Henry Braham… et… hum… Comment dire ? Si tu as survécu à The Flash, prépare-toi à plonger encore plus bas. Des plans illisibles et trop colorés, au point qu'on croirait voir une pub pour des lunettes Optic 2000. C’est moche, c’est sale, et c’est monté avec la grâce d’un JéJé fait son Bagou faisant du trampoline. Le duo William Hoy et Craig Alpert au montage, c’est le chaos en roue libre avec des faux raccords et des enchaînements épileptiques. Le Kaiju est visuellement infâme. On a l’impression de regarder une cinématique de PlayStation 3 compressée sur YouTube. Mention spéciale à Spica et Ultraman, qui sont suivis par un festival d’images de synthèse pas du tout convaincantes. Les courses-poursuites sont catastrophiques ! Il y en a une qui atteint le sommet de la nullité visuelle via un torrent de pixels fluo en mode bad trip de couleurs criardes, qui t’agresse la rétine à coups de stroboscopes. À ce stade, même vomir serait trop noble pour cette expérience sensorielle. Et les combats ? Bordel on ne peut même pas se raccrocher tant ils sont traités comme une farce. Ils sont mal chorégraphiés, sans impact, sans tension, sans enjeux (ou du moins ils sont dédramatisés). Bordel que c'est mauvais. Superman passe son temps à se faire taper dessus comme un punching-ball. Mention honteuse à la scène où il se prend un coup dans les joyeuses, et oui, ma couille, comme dirait Supergirl version OnlyFans, qu’on retrouvera bientôt dans son spin-off que personne ne réclame. Mais bon, parce que je suis magnanime, je sauverai tout de même deux petites choses avec d'abord la bande-son. John Murphy et David Fleming pondent quelques morceaux pas trop mal, qui surnagent dans le marécage général. Rien d’inoubliable, mais au moins, ça ne fait pas saigner les tympans. Et puis Edi Gathegi en Mister Terrific, qui aurait pu être un vrai point fort… s’il ne se faisait pas ridiculiser par Krypto le chien. Quant à Nathan Fillion en Green Lantern et Isabela Merced en Hawkgirl, disons que leur prestation est à l’image de la coupe de cheveux de Fillion, c'est à dire totalement ringard, complètement dépassée, et involontairement comique.



CONCLUSION :



Superman de James Gunn est une débâcle cinématographique d’une rare intensité. Et pourtant, croyez-moi, il m’en faut beaucoup pour décrocher. Je suis plutôt bon public à la base, du genre à toujours trouver une excuse, un petit quelque chose à sauver, même dans les naufrages… Mais là, rien. Nada. Un gloubi-boulga idéologique post-moderne, prétentieux en se prenant pour ce qu'il n'est pas, ringard comme mon string de bain, dénué de tout charisme, de toute profondeur, et surtout de toute nécessité. C’est un défilé de personnages vides, humiliés, caricaturés jusqu’à l’absurde. Des situations grotesques qui frôlent la parodie. De l’action indigne du symbole Superman. Une farce de mauvais goût qui ne fait même pas rire. Même le mot "blockbuster" en ressort sali, traîné dans la boue. Ce n’est ni du cinéma, ni du divertissement. C’est juste une coquille vide, un affront grotesque à l’univers DC. Et pourtant, j’étais fan. J’y croyais encore. Mais aujourd’hui, c’est terminé. Fini. Je me désintéresse totalement de tout ce qui va suivre. Films, séries, spin-offs ? Qu’ils fassent ce qu’ils veulent, ce n’est plus pour moi.


Superman à la sauce Gunn c'est indigeste, immature, et inexcusable.



Superman... C'est pas un homme. C'est autre chose. Il monopolise l'attention du monde entier. Je refuse de l'accepter.




B_Jérémy
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le 9 juil. 2025

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