En femme aliénée au foyer, Hunter, le personnage principal de Swallow, est la digne héritière des héroïnes de Sirk ou de Hitchckock, cadenassées dans un monde patriarcal et considérées comme de jolis bibelots, utiles s'ils restent à leur place et assurent une descendance. Le premier long-métrage de Carlo Mirabella-Davis, très stylisé jusque dans ses codes-couleurs, montre la perfection du rêve américain avec une ironie sardonique qui se transmet au spectateur par la pathologie de Hunter, prête à tout avaler pour ne pas sombrer dans la dépression et la perte d'identité. Plus avant dans le film, une piste psychanalytique désamorce quelque peu le trouble et rompt aussi le "charme" mais le récit s'en retrouve relancé pour évoluer vers un cheminement inattendu et libérateur. Le plus impressionnant dans Swallow est sa maîtrise formelle et la façon subtile de montrer l'évolution psychologique de cette "ménagère désespérée". Le film est dérangeant et volontairement répétitif avec une manière d'annoncer les scènes les plus difficiles à digérer qui est proche de celle des longs-métrages d'horreur. Le film doit aussi énormément à Haley Bennett, entre Mia Farrow et Alba Rohrwacher, en femme fractale, blonde comme un fantasme de macho américain, qui révèle un talent et un tempérament qu'aucun metteur en scène n'avait à ce point su mettre en valeur jusqu'alors.

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le 18 janv. 2020

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