Swim Little Fish Swim par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ce n'est pas facile pour Lilas, une toute jeune fille, de devenir aussi célèbre que sa maman artiste peintre de renommée mondiale. C'est donc à New-York qu'elle va mener une vie de bohème essayant de lier des contacts et trouver la notoriété.
Par hasard elle va rencontrer Leeward, un compositeur folk qui a la particularité de se servir des jouets de sa fille Rainbow pour créer sa musique. Le musicien l'accueille dans son modeste logement malgré la réprobation de son épouse Mary qui exerce en temps qu'infirmière un métier stable contrairement à son conjoint. Reste à savoir laquelle des deux femmes aura le plus d'influence sur le mode de vie de Leeward.

Tout commence par un conflit entre une mère star habituée aux crépitements des flashs, cible des journalistes d'art, et sa fille décidant de croquer la vie et se faire elle aussi remarquer avec son appareil photos dans l'art contemporain. Selon Lilas pour démarrer et suivre une carrière aussi glorieuse que maman, rien ne vaut... New-York ! Sauf qu'en débarquant là-bas avec sa petite valise et sans contact, l'endroit n'est pas forcément favorable. Pourtant des artistes il y en a dans les squats de New-York. Des connaissances on en fait également mais encore faut-il qu'elles soient synonymes de probable réussite. Leeward qui consent à l'héberger ne fait pas spécialement partie de celle-ci. Certes le musicien guitariste se défend plutôt bien mais la motivation pour la chasse au contrat n'est pas son fort.
Son épouse Mary qui travaille mais ne roule pas sur l'or vit assez mal l'intrusion de Lilas chez elle surtout que leur adorable petite fille, Rainbow, s'entend fort bien avec son père et Lilas. Celle-ci n'arrive pas à convaincre par ses créations artistiques les jurys. Sa mère la harcèle afin qu'elle revienne auprès d'elle de plus le visa pour son séjour en Amérique tire à sa fin. Le seul rayon de lumière est cette petite Rainbow (le petit arc en ciel) qui va profiter de la tendresse de son père et de son "invitée", les deux êtres les plus attractifs pour elle.
Pendant ce temps Mary rêve d'acheter un pavillon avec un jardin plein de fleurs dans un quartier bien calme en comptant sur une rentrée d'argent de Leeward, mais jamais concrétisée. Pour une fois le musicien va t-il enfin contribuer à stabiliser sa petite famille ? Souhaitons le...

Voici donc un petit film dans tous les sens de terme que nous offrent deux réalisateurs débutants: Lola Bessis, la réalisatrice, scénariste et de plus titulaire du rôle titre, et Ruben Amar. Personnellement je n'avais jamais entendu parler de ce duo. Ils nous réalisent un film bien apprécié par certains pour sa fraîcheur, pourquoi pas!
Je trouve que cette qualité ne suffit pas forcément pour réussir un bon film, la preuve: le personnage de Lilas est d'un conventionnel absolu. La fille qui veut échapper à sa mère "bobo" et s'émanciper en Amérique en pensant faire la carrière du siècle n'a rien de bien révolutionnaire. Son ami musicien, certes très doué, semble tout droit sorti du film des frères Coen "Llewyn Davis" réalisé en 2013, œuvre qui présentait un intérêt certain et qui nous décrivait d'une façon beaucoup mieux maîtrisée ce milieu de musiciens talentueux et oisifs. L'intrigue par elle-même n'est pas déplaisante, on la suit aisément. Malgré les problèmes conjugaux de Leeward et Mary et l'attachement que procure Rainbow, cette petite fille très attirée par les poissons rouges, je ne vois pas là quelque chose susceptible de soulever mon enthousiasme. De plus le final est d'un tel conventionnel que je n'ai pas ressenti le moindre brin d'émotion aux dernières images. La seule trouvaille provient de ce musicien qui se sert des jouets de sa fille comme instruments de musique.
Côté interprétation, Lola Bessis dans le rôle de Lilas se montre très sympathique dans la peau d'un personnage qui ne fera tout de même pas date dans le cinéma. Dustin Guy Defa est lui aussi bien sympathique en musicien préférant le canapé à la scène et c'est vraiment tout ce que je peux en dire. Citons également Brooke Bloom dans le rôle de Mary et Anne Consigny**qui tirent leur épingle du jeu. La vraie bonne surprise vient d'Olivia Costello** dans le rôle de la petite Maggie surnommée Rainbow qui est vraiment l'arc en ciel de ce petit film.

Cette réalisation a attiré certaines sympathies par son style et son faible budget. Moi j'ai surtout ressenti un film d'une grande naïveté, un peu et même très "bobo", et sans grande originalité.
Bref, un petit film avec lequel me semble t-il les réalisateurs se sont fait plaisir, ce qui n'est pas le cas de tout le monde.