Folie libératrice

Mais c’est quoi ce film ?? Comment honnêtement juger Swiss Army Man, film complètement déjanté, bien rythmé, bien filmé et qui surprend par sa créativité outrancière. Ce film, c’est comme péter un coup pour relâcher la pression, et s’autoriser ce que le contrat social réprouve.

Dès les 5 premières minutes le film vous donne le ton, quand un cadavre pétomane sert de jet-ski à un naufragé dont l’origine ne sera jamais expliqué. Le duo comique Dano-Radcliffe s’en donne à cœur joie et ça fonctionne à merveille. Daniel Scheinert et Dan Kwan, dit les Daniels, maîtrisent de bout en bout leur film, avec un vrai décalage entre une réalisation très travaillée — mise en scène, décors, cadrages, musique, tout est dosé avec minutie — et une histoire enragée et cinglée.

Swiss Army Man enchaîne les situations comiques, avec un humour qui ne refuse rien, parfois poétique parfois douteux, mais jamais vraiment glauque. Après si on n’adhère pas à sa folie de départ, le film devient surement malaisant, mais pour ma part ça j'ai adoré. Je ne peux pas rentrer dans le détail sans gâcher la surprise de certaines scènes, mais je ne me suis vraiment pas ennuyée. D’autant que si le film prend la voie du comique scatophile, il a un fond sérieux et des questions plutôt philosophiques. Mais ce fond sérieux est habilement entouré par l’absurdité, et les questionnements de Hank deviennent plus poétiques.

Je regrette un peu le final, qui tranche par sa tristesse et son réalisme, et une forme de morale qui casse un peu l'extravagance créatrice du film. On aurait aimé rester fous jusqu’à la fin, quitte à s’arrêter avant. Swiss Army Man est définitivement inclassable et clivant, et même si on ne sait pas trop ce qu’on a vu, ça fait un bien fou.