Sylvia Scarlett est le troisième film des huit films dans lesquels George Cukor dirige Katharine Hepburn. En raison du caractère androgyne et ambigu du personnage interprété par l’actrice, travestie en garçon pendant presque tout le film, et des ambiguïtés qui en résultent, le film fut hué par le public et démoli par la plupart des critiques. Cela nous en dit long sur l’évolution des mœurs car l’ensemble semble aujourd’hui assez inoffensif bien que le film joue effectivement la carte de la confusion des sexes. Cela dit, Hepburn est parfaitement crédible en jeune homme, à la fois du fait de son physique et de ses talents athlétiques. Reste que le film s’avère assez mal fichu et dans l’ensemble un peu décevant, surtout dans sa première partie, dont le comique manque vraiment de finesse. Par la suite les ruptures de ton font que l’on ne sait plus très bien si l’on est dans une comédie ou un drame ce qui introduit une nouvelle ambiguïté : ambiguïté sur le « genre » du personnage principal et ambiguïté sur le genre du film. Ce parallélisme aurait pu permettre de faire une œuvre vraiment remarquable s’il avait été exploité, ce qui n’est pas le cas, et on peut même se demander si Cukor en était conscient ou s’il ne s’agit que d’une coïncidence due au hasard. De plus, le film manque un peu de rythme et, surtout, la mise en scène est d’une grande banalité aussi bien dans les mouvements de caméra que dans les cadrages. Le film est disponible en DVD aux éditions Montparnasse dans une copie convenable et les nancéiens peuvent le trouver à la médiathèque de la Manufacture.