Cris et chutes : flottements
Peut-on raisonnablement ne pas aimer un film de Cukor avec Katharine Hepburn et Cary Grant ?
Désastre total à sa sortie en 1939, ce film qu’on pourrait tenter de nous vendre comme désormais culte (dixit Bromberg dans son introduction, le dvd figurant dans le coffret « Il était une fois la RKO ») repose sur un pitch audacieux, celui du travestissement et l’ambiguïté générique. Contrainte de se déguiser en garçon (tout d’abord pour une bonne raison, mais très vite en dépit du bon sens), la jeune Hepburn se trouve embarquée dans des situations délicates qui pourraient faire le sel de cette comédie.
On s’agite, on crie beaucoup et les scènes s’accumulent sans véritable unité : la troupe des escrocs grandit, décide de se lancer dans le théâtre et noue des accointances avec la bohème alentour, le tout dans une ambiance de Marivaux low-cost. Certes, jouer l’escroc impose d’en faire un peu trop pour attirer le chaland, mais ce jeu théâtral et trop souligné fatigue beaucoup. Les seconds rôles s’éparpillent sans grand intérêts et les revirements sentimentaux indiffèrent.
Il est vrai qu’Hepburn convainc en jeune garçon et que la voir se re-féminiser aux trois quarts du film est un peu troublant. Mais c’est bien la seule étincelle de cet ensemble qui fait clairement figure de pétard mouillé.