Un tailleur pour hommes, célibataire, qui vit dans le grenier de son atelier, doit se réinventer alors que sa boutique est menacée de fermeture. Il tourne son activité vers les femmes et les robes de mariées. Ce premier long-métrage de Sonia Liza Kenterman est un petit délice, aux franges du feel good movie et du récit d'apprentissage, bien que son héros frise vraisemblablement la cinquantaine. Il a dans son maintien et ses mimiques quelque chose de Mr. Bean, une attitude extérieure à la frivolité du monde. Parce que la vérité est tailleur, le film fait traverser à son personnage principal une période cruciale de sa vie, tant professionnelle que privée, avec une fantaisie subtile et une délicate agilité de ton. Dans le même temps, Raftis montre joliment l'attachement du tailleur à son noble métier, s'attardant sur les textures et les gestes de celui qui n'est rien d'autre qu'un artisan et même un artiste, peu adapté à la vulgarité de l'époque moderne. Avec ses non dits et sa mise en scène chatoyante, le film s'inscrit tout de même dans la nouvelle école de cinéma grec, qui va de Canines à Apples, en passant par Suntan et Her Job, mais avec moins d'appétence pour l'absurde et la noirceur et davantage pour la mélancolie et la tendresse. Sonia Liza Kenterman, la réalisatrice, est née d'une mère grecque et d'un père allemand et a étudié le cinéma à Londres et à Athènes. Ces cultures différentes sont manifestement un atout dans son premier film, lequel sans être consacré à la crise économique en Grèce, l'aborde cependant de façon positive et faussement candide.

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le 8 déc. 2021

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