Take Shelter est un film angoissant et prenant qui nous tient en haleine pendant deux heures. La plongée dans l'inconscient du héros, dans ses rêves dérangeant que l'on nous fait subir fait qu'on ne sait, dans chaque scène du film, si on se trouve bien dans la réalité ou immergés dans une vision du personnage. On connaît par ce biais nous aussi sa névrose, ne sachant jamais si on peut se fier à nos sens ou non.
Tout l'intérêt du personnage est d'ailleurs là : il a lui même conscience de sa maladie, cherche à la guérir, à la diagnostiquer par son propre biais. Dominé par sa peur, il ne peut se contrôler, mais une part de lui, plus rationnelle, le fait tout de même douter de la véracité de ce qu'il croit percevoir. Folie ou sixième sens ? On ne sait jamais vraiment, notamment pendant la scène du bunker, où on s'attend presque à voir l'apocalypse lorsqu'il ouvre les portes alors que seul le ciel bleu l'attend.
J'ai pourtant attendu une explosion plus spectaculaire du personnage. Je garde toujours l'impression qu'il manque quelque chose, que je ne saurais préciser exactement. On sent par exemple tout au long du film que Curtis développe une certaine animosité, une rage envers sa femme qui au final ne se concrétise pas lors de la scène finale, où la famille semble soudée. De nombreuses questions restent non résolues (comme le lien de sa folie avec celle de sa mère par exemple). On peut toutefois penser que le réalisateur voulait seulement nous embrouiller avec toutes ces pistes, qui elles aussi n'étaient alors que des hallucinations.