Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai visionné la VHS de ce classique d'animation. Disney qui s'essaye à l'Heroic Fantasy c'était ambitieux. La société avait acheté les droits des Chroniques de Prydain en 5 volumes de Lloyd Chudley Alexander en 1971. Sans doute le succès du film d'animation Le Seigneur des Anneaux (1978) a entrainer la concrétisation de l'adaptation. Disney voulait donc avec ce long-métrage toucher un public adolescent alors à fond dans Donjon & Dragon etc. Un film d'animation aussi sombre se voulait être Le Blanche Neige et les Sept Nains d'une nouvelle génération. Néanmoins la production difficile du film du aux différents créatifs pour une œuvre aussi atypique aura raison du résultat final.
Le film se démarque par beaucoup de qualités formelles : Il est réalisé en Super Technirama 70 (un cadre plus large permettant d'avoir beaucoup de décors), format qui n'avait pas été utilisé depuis La Belle au Bois Dormant (1959), ce souligne l'audace du projet. Le film comprend aussi des effets live (fumée, nuages. Il y a aussi des effets de lumières travaillés. On trouve aussi certaines animations faites avec les techniques numériques balbutiantes de l'époque. La superbe bande originale de Elmer Bernstein fait écho à ses compositions sur SOS Fantômes (1984) avec ici une utilisation régulière des ondes martenot donnant un son "spectral". J'aime aussi quand le film dans certains passages peut rappeler d'autres classiques d'animation tels que Blanche Neige, Fantasia, La Belle au Bois Dormant, Merlin l'enchanteur, ...
Aujourd'hui je réalise que le film a ses défauts surtout dans le font. Les personnages sont dans un design finalement assez sommaire, pour éviter une prise de risque. Ils sont peu caractérisés et développés. Certains d'entre-eux ont peu voire pas d'impact sur l'histoire. Bref, on a l'impression qu'il ne font pas grand chose. Sans doute cela est due aux coupes faites sur le film au dernier moment.
Taram et le Chandron magique est une œuvre charnière pour le studio Disney qui, malgré son échec critique et commercial, lui permettra de rebondir dans la fin de la décennie 1980 en apprenant de ses erreurs. Si dans le fond le film d'animation se révèle limité il brille dans les ténèbres par une direction artistique recherchée. Le long-métrage n'est pas parfait mais on ne peut pas lui enlever une proposition assez riche.