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le 28 oct. 2024
Le souffle des taureaux
Tardes de Soledad commence par – je dois bien l'admettre – deux plans qui sont parmi ceux qui m'ont le plus ému au cinéma. On y voit un taureau, noir, la nuit, qui marche lentement au milieu d'une...
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La forme de ce documentaire signé Albert Serra est assez particulière, car il filme le torero Andrés Roca Rey, actuellement la plus grosse vedette de la tauromachie, au près plus durant les coulisses, la préparation, les habillages, et bien entendu lors des corridas où il va affronter à mort les taureaux.
Le cinéma ibérique regorge de films où la tauromachie est filmée, on n'en connait qu'une infime partie quand ce ne sont pas des productions étrangères comme Le moment de la vérité, Les clameurs se sont tues ou Arènes sanglantes. Mais j'avais rarement vu un documentaire aussi immersif, où la caméra semble aimantée sur ce jeune homme, qui montre qu'il est tout le temps entouré et en même temps seul face à lui-même, quand ça n'est pas contre la mort où il semble prendre vie dans les arènes. Il n'y a aucune interview de lui-même ou d'autres personnes, Serra montre à 99 % du temps Andrés Roca Rey, dans des scènes parfois magnifiquement filmées comme lorsqu'il ôte son habit ou qu'il l'enfile, avec plusieurs protections, et avec l'aide d'un assistant pour que ses apparats le collent au plus près pour éviter qu'il n'accroche le taureau. On sent la solitude le parcourir, voire même une angoisse (quand il est dans le fourgon et qu'il transpire à grosses gouttes), pour finalement exploser dans l'arène, où il invective les bestiaux.
D'ailleurs, le film n'est pas recommandé à tout le monde, car il montre sans fards la crudité de l'exercice, avec des taureaux qui meurent à l'image, ou des plans où on les voit saigner à gros bouillons dans une mise en scène encore une fois impressionnantes, comme si il y avait une sorte d'escalade avant l'estocade finale.
Comme je le disais dans ma critique sur Le moment de la vérité, j'ai déjà assisté à une corrida sur Madrid, je vois la ferveur que la tauromachie a en Espagne, mais le film arrive à capter cette solitude qui porte le torero, comme si il y avait une autre couche qui se dessinait derrière les images. Andrés Roca Rey répète ces gestes, on le voit se faire blesser à plusieurs reprises et parfois gravement, il porte sur lui le sang des taureaux, mais c'est comme si il ne saurait rien faire d'autre que ça, car tout autour, rien ne semble l'intéresser, y compris dans les derniers plans où il rencontre d'autres toreros mais c'est à peine si il esquisse un sourire.
Attention aux personnes sensibles, mais j'ai trouvé ça passionnant, très cinéma malgré le genre documentaire et surtout Albert Serra arrive à nous faire plonger dans la psyché de cet homme de manière saisissante.
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Créée
le 25 sept. 2025
Critique lue 15 fois
10
le 28 oct. 2024
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