Tarnation
7.2
Tarnation

Film de Jonathan Caouette (2004)

Il faut vraiment s'accrocher pour apprécier un minimum le film. Non pas que le plaisir vienne de la douleur, mais simplement que si le spectateur passe le cap des 35 premières minutes (à peu près la moitié du film), alors il sera récompensé par une amélioration de la qualité du film.

Le film semble en effet scindé en deux. La première partie aborde la genèse de notre personnage, des conflits qui vont l'opposer à sa mère, mais aussi les mêmes conflits qui vont les lier ensemble. Cette partie regorge aussi d'expérimentations visuelles sans doute sympathiques mais tout de même assez gratuites et inutiles tant le propos tenu manque en subtilité, en rythme, en profondeur.

La seconde partie est plus intéressante car c'est là que des enjeux se dessinent (enfin, ils arrivent tardivement, pendant 20 minutes, à nouveau, on ne sait pas trop où l'auteur veut en venir), mais ça reste faible malheureusement. Disons que la relation avec la mère semble incomplète, facile, inaboutie. Caouette aurait dû consacrer son film entièrement et uniquement à s amère, en faire un véritable portrait. De plus, les questions qu'il se pose, et qui sont intéressantes, à savoir, la folie se transmettra-t-elle? (on revient souvent sur la question de l'héritage dans ce film, de différentes manières), semblent peu pertinentes après que Caouette se soit présenté comme un fou étant jeune. Ç'aurait été tricher, mais le film aurait été plus fort, le sujet renforcé, si l'auteur avait omis cette partie, qu'il s'était fait passer pour un 'normal' qui a juste peur de devenir fou. En sachant qu'il l'a été, on se demande pourquoi il a encore peur : lui-même sait qu'il l'a été et qu'il a su en guérir.

D'ailleurs, ce n'est pas vraiment expliqué, et cette absence d'explication nuit un peu à la dynamique du film puisqu'on passe d'un coup, sans raison d'un jeune qui fait une tentative de suicide chaque semaine à un jeune New Yorkais branché. Comme si New York était le remède absolu.

Malgré la superficialité du propos que je lui reproche, le film reste tout de même intéressant, et parfois même touchant dans la seconde partie. À mon sens, les retrouvailles avec le père aurait pu être édité comme court métrage en soi, c'est le segment le plus intéressant du film (évidemment il aurait été nécessaire de retravailler le montage pour contextualiser ces retrouvailles).

Bref, un docu qui m'a semblé inabouti, maladroit même parfois malgré quelques qualités et moments forts.
Fatpooper
5
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le 2 juil. 2014

Critique lue 562 fois

4 j'aime

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