Le film que je regarde au moins une fois par mois ! Ou presque. J'ai beau en connaître toutes les scènes et tous les dialogues par cœur, à chaque vision, je découvre quelque chose que je n'avais pas vu auparavant. Signe des grands films.


Coluche nous livre ici une performance tout bonnement impressionnante, sans jamais tomber dans le pathos. Toute en sobriété. Son César du meilleur acteur est amplement mérité et c'est sans conteste le plus grand rôle de sa courte carrière au cinéma. Et comme le dit Claude Berri dans les bonus du DVD, quel dommage qu'il n'ait pas vécu car il serait devenu le plus grand comédien français. Anecdote célèbre, son personnage lui collait tellement à la peau, Claude Berri et lui vivaient alors un divorce difficile, qu'il allait jusqu'à garder sa salopette de pompiste en dehors des scènes. D'ailleurs, on parle désormais de rôle à la Tchao Pantin pour définir un acteur dit "comique" dans un rôle dramatique.


La musique lancinante de Charlélie Couture colle parfaitement à l'ambiance du film d'une noirceur absolue. Le Paris que nous montre Berri n'est pas le Paris de carte postale habituellement vu au cinéma. Avec la tour Eiffel, les lumières et tout le tintouin. Non, là c'est le Paris des dealers (dont certains sont même figurants dans le film), le Paris des squats insalubres, le Paris des éboueurs à 5h du matin, le Paris puant la pluie.


Rendons hommage à cette photographie signé Bruno Nuytten, réalisateur de Camille Claudel et probablement le plus grand chef opérateur français des années 80.


Richard Anconina (qui à l'époque faisait encore de bons films :troll:), Philippe Léotard et Agnès Soral font d'excellents seconds rôles et ont eu le mérite de se mettre au service du talent d'un Coluche bouffant littéralement l'écran.


En définitive, Tchao Pantin est surtout un très grand film noir comme les années 80 en ont connu quelques uns. Son désespoir suintant par tous ses pores (la photographie très sombre, les personnages tous paumés, la violence et la pauvreté gangrénant ce quartier, les dialogues "je suis déjà mort, j'attends que ça de crever") ne doit en rien dissuader le spectateur d'y jeter au moins une fois un coup d’œil. Coluche a eu beau dire après la cérémonie des Césars : "ces cons-là, ils m'ont filé le César alors que Berri n'a eu qu'à me filmer comme j'étais", il semble que lui-même n'avait pas conscience de sa performance. Chapeau l'artiste.

Incertitudes
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le 5 août 2013

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