No time to die

Il était une fois un concept, totalement tordu, et à ma connaissance jamais vraiment exploité, en tous cas pas à cette échelle. Nolan nous offre son nouveau film dans une période vraiment creuse pour le cinéma, c’est donc avec impatience que je suis allé le voir, parce que c’est clairement le genre de film qui me manquait depuis leur réouverture.

Tenet s’ouvre comme souvent chez Nolan dans le cœur de l’action, et laisse à ce moment entrevoir le meilleur. Malgré sa qualité, les premiers problèmes du film commencent dès le prologue, en étant assez confus sur les objectifs des personnages, mais à ce moment là c’est anecdotique, après tout on commence à bien connaître le réalisateur et sa volonté de tout vouloir expliquer, ça combiné au concept même du film, rien d’inquiétant à ce niveau-là.

C’est une fois le prologue terminé que les choses se gâtent. L’exposition est assez lourde, mais surtout ne clarifie pas du tout les choses, du blabla sans intérêt qui pourrait être résumé en « ta gueule, c’est magique », ce qui serait plus honnête et permettrait d’aller à l’essentiel. On a aussi pendant ce temps là un enchainement de scènes où il faut trouver un personnage X qui indiquera un personnage Y auquel s’adresser, le tout en allant d’un point A à un point B, sans réel intérêt. Je me demande cependant si le revisionnage en ayant le contexte du film arrangera un peu ce sentiment, mais pour un premier visionnage, j’ai trouvé ça très brouillon.

Heureusement, quand le film épouse pleinement son concept, ça devient excellent, et on a enfin l’impression d’assister à du très bon Nolan, malheureusement il faut ramer pour en arriver à ce point, et même avec ça, le film reste très froid, ne me faisant jamais vraiment ressentir grand-chose. C’est peut-être dû à des personnages assez insipides, dont on ne sait au final pas grand-chose. C’est sans doute une volonté de Nolan, après tout, comme dans Fight Club, le protagoniste joué par John David Washington n’a pas de nom, mais le problème, c’est qu’en plus de ne pas avoir d’identité, il n’a pas de personnalité, et il faut s’en remettre aux personnages secondaires pour essayer de trouver un peu d’émotions, sauf qu’en dehors du personnage d’Elizabeth Debicki, on peine à en trouver, et même avec elle, je trouve ça vu et revu, mais depuis le temps, on le saurait si Nolan savait écrire un bon personnage féminin. Pour le personnage de Kenneth Brannagh, on est sur du cliché pur, mais encore une fois, ça passe grâce à l’acteur, et il y a un très de caractère qui est bizarre au premier abord, mais qui une fois expliqué est plutôt fun.

Pour moi, le seul personnage vraiment intéressant est celui joué par Robert Pattinson, et je pense encore une fois que c’est dû à son talent d’acteur et à son charisme plus qu’au personnage en lui-même, mais au moins celui-ci à une légère zone d’ombre qui fait qu’on se pose des questions sur lui, donc ça le démarque largement du reste.

Dans l’ensemble je trouve la mise en scène très bonne, notamment pour les scènes d’action, mais ça fait des heures que je fais une fixette sur la scène du diner entre Elizabeth Debicki et John David Washington, ils n’échangent rien d’intéressant, c’est constamment filmé en champ contrechamp mais en changeant légèrement l’emplacement de la caméra à chaque coupure, des fois elle avance, des fois non, de façon totalement aléatoire, et surtout il y a 20000 coupures, au point où ça en devient ultra distrayant, et je suis peut être la seule personne sur cette planète à être bloqué dessus, mais je trouve cette scène horriblement mauvaise.

Au niveau de la musique, c’est la première fois depuis Le Prestige que Hans Zimmer ne collabore pas avec Nolan, mais Ludwig Göransson fait un bon travail pour le remplacer, c’est pas forcément marquant, mais c’est efficace, un peu comme sur Dunkerque. Par contre je trouve le montage sonore assez foiré, surtout pour un film avec autant de dialogues, c’est dommage de devoir tendre l’oreille pour essayer de les comprendre, heureusement que les sous titres étaient là, je ne trouvais pas ça gênant sur les autres films de Nolan, malgré les critiques déjà présentes à ce sujet, mais sur celui-ci même moi j’ai remarqué.

Je suis très négatif dans cette critique, mais dans l’ensemble j’ai quand même apprécié le film, c’est ambitieux, bien filmé, prenant, et rempli de très bons acteurs (mention spéciale à la scène de Michael Caine qui ressemblerait presque à un adieu à l’acteur, le personnage s’appelant même « Sir Michael »). C’est juste que j’en attends plus de Nolan, car Tenet pourrait compléter assez facilement le bingo Christopher Nolan, à l’exception de la femme morte, mais vu qu’on ne sait absolument rien du protagoniste, c’est pas explicitement exclu, et on dirait ainsi qu’il s’auto-parodie par moments, tout en essayant de recréer ce qui a fait le succès de ses films précédents, sans jamais y parvenir totalement. Je suis impatient de le revoir en tous cas, car définitivement le genre de film pour lequel un second visionnage apporte plus de clarté, la question, c’est à quel point ? Puis même un Nolan s’auto parodiant et pas très inspiré en dehors du concept, ça reste une sacrée expérience à vivre dans une salle de cinéma.