Inception est sorti il y a 10 ans et cette séance a été mon premier choc de cinéphile au cinéma.
Mais ça, c'était avant. Et comme le futur c'est le passé, revenons un moment dans le moment présent. C'est pourtant simple à comprendre, non?
Arrêtez de penser, ressentez qu'il disait. Et bien, ce que j'ai ressenti en sortant de la projection de Tenet, c'est de la colère. Une colère qui fait écho...
Je t’interromps, revenons 3 ans dans le passé, enfin le futur. Bref on s'est compris!
En 2017, Christopher Nolan sortait son Dunkerke, son film le plus expérimental et qui tendait à une certaine épure, quitte à laisser le spectateur paumé sur cette plage, comme ces soldats laissés à l'abandon. Le film comporte des défauts, comme sa fin patriotique ou ses personnages peu consistants, mais laissait une impression positive qui augurait du bon pour la suite de la carrière de notre cher intello-divertisseur.
Et puis, 3 ans plus tard (ou plus tôt, ca dépend des points de vue) arriva Tenet. Sa bande-annonce présageait un pot-pourri de tout ce qu'affectionne Nolan: un concept perché, de l'espionnage à la James Bond, des personnages en costards, des inversions temporelles...
Et ça tombe bien, c'est clairement ma came aussi (ou devrais-je dire c'était), même si j'aurais aimé que notre réal aille davantage vers des terrains inexplorés. Je suis donc allé au ciné, sans grande attente, mais confiant. Mais dès que le film commença, j'ai ressenti un étrange sensation, une sensation que j'avais déjà eu devant le trailer, une sensation de... déjà-vu.
De déjà-vu, vis-à-vis des films de Nolan, mais également de l'entertainment en général. Précité et le plus évident, Inception, également un film de casse maquillé en pseudo film de sf et aux inspirations Bondiennes. Mais le scénario d'Inception, face à celui de Tenet, c'est les blagues de Toto. Ce dernier est tout bonnement incompréhensible, mal écrit et, contrairement à son prédécesseur, on ne comprend jamais pour quelles raisons les personnages agissent de la sorte. Ces derniers n'ont d'ailleurs aucune personnalité, malgré des acteurs qui essayent vainement de comprendre des dialogues peu inspirés. Kenneth Branagh est ridicule en méchant avec un accent russe. Et puis vraiment, des méchants russes en 2020, c'est encore possible? Et je dis ça en tant que fan de la saga James Bond qui, je pense, est préférable qu'elle reste également à l'état de souvenir...
Alors oui, j'accorde que les scènes de combat sont bien foutues. En particulier celles du couloir et de l'autoroute. Mais c'est comme si Nolan avait quelques scènes clés en tête et qu'il a tenté de construire un film autour.
Pour ce qui est de la direction artistique, elle se révèle peu inspirée, comme un mélange entre le jeu Control pour ses bureaux froids et ses bâtiments brutalistes et Metal Gear Solid pour sa base dans l'eau et son final dans le désert.
Et cette fin, cette fin... Pattinson qui nous balance des tirades temporelles censées donner un semblant d'émotion et d'épaisseur entre son personnage et celui de Washington. On se serait cru également à la fin d'un Metal Gear Solid, et pourtant j'adore cette série. Mais, ce qui marche dans un jeu ne l'est pas forcément pour un film. Voir des soldats (tirés sur quoi au fait?) dignes d'un Call of Duty, échappés à des explosions inversées temporellement, le tout dans un découpage incompréhensible et accompagné d'une musique épuisante qui fait du Zimmer peu inspiré, et bien ça m'a mis en rogne de la part de Nolan.


Je suis le protagoniste. J'étais coincé entre le rire et les larmes.


Arrêtez de penser, ressentez qu'il disait. Et bien, ce que j'ai ressenti en sortant de la projection de Tenet, c'est de la colère. Une colère qui fait écho à ce visionnage d'Inception au ciné il y a 10 ans et qui m'a tant marqué. Encore dernièrement, je me suis revu la fin du film et je n'ai pas pu m'empêcher de verser une petite larme. Pure nostalgie? Aveuglement des défauts d'un film loin d'être parfait? Surement, oui. Mais une décennie écoulée me montre bien comment ma perception de cinéphile a évolué, quitte à remettre en perspective des choses à priori acquises. Nolan, ce réalisateur, considéré comme sacré auparavant, est également un humain qui peut se paumer dans ses obsessions, quitte à pousser à l'indigestion. Malgré ses envies de grandeur, ça lui donne un côté presque attachant au bougre.


Bon, je vais me remater Inception, afin de voir si mon ressenti pour ce film reste intact ou si je dois définitivement tourner la page.
Oh, et puis merde.

tittytwister
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le 28 août 2020

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