La science-fiction, Nolan connaît (Interstellar). L’action, il sait la filmer et la sublimer (Inception), au moyen d’un montage audacieux et d’une narration exigeante (Memento, Dunkerque). Avec Tenet, Christopher Nolan réussit un film somme, qui concentre tout le savoir-faire de l’auteur pour présenter un film qui séduira autant les amateurs de grand spectacle que les amateurs de film puzzle et à intrigue.
Avec Tenet, c’est l’imagerie de James Bond que le réalisateur s’amuse à passer au shaker (et pas à la cuillère). De l’antagoniste (forcément russe) aux envies de fin du monde à la jeune femme en détresse indispensable pour sauver le monde, difficile de ne pas voir les analogies avec le célèbre espion de sa Majesté. Mais l’Américain s’en inspire pour mieux s’en détourner, avec l’aide de sa marotte, le temps. Inversé, retourné, en occurrence. Le rouage mécanique et scénaristique qui fait le charme et la complexité de Tenet est difficile à décrire. Mieux vaut l’apprécier directement en salles : la force de Nolan est de ne donner que peu de clés au spectateur, et de décoder ce qu’il montre au compte-goutte, au fil du métrage. Complexe, certes, mais grisant : Tenet, de Christopher Nolan, est une preuve que le cinéma populaire peut aussi être un cinéma d’audace et de renouveau.