Le temps est un thème récurrent du cinéma de science-fiction et, il faut le dire, un sujet qui n'est presque plus original pour un sou. Surtout de nos jours. Même si quelques films comme Time Out proposent une relecture originale de ce thème en cherchant à s'éloigner du sempiternel voyage dans le temps, le sujet n'est plus trop d'actualité.


Ce n'est pas un mal, bien au contraire, et c'est tout le sujet du film dont nous allons parler aujourd'hui.


Lorsque ce cher Christopher Nolan annonça un long-métrage où le temps serait un élément décisif du scénario, je dois admettre que j'étais plutôt sceptique. Malgré le trailer plutôt alléchant, je ne voyais pas où voulait en venir le bonhomme. Je m'attendais à du vu ou re-vu, à un truc qui ne serait pas transcendant, à un blockbuster comme un autre. Puis je me rappelai que c'était Nolan. Le Nolan. Le réalisateur d'Interstellar, Inception et j'en passe, donc, pourquoi je serai deçu ?


Et puis ce n'était pas comme si il y avait d'autres trucs à voir au cinéma en ce moment. À part des comédies foireuses et des trucs plus... artistiques, y'a pas grand chose d'intéressant en salles. Certes je ne suis personne pour juger arbitrairement des films que je n'ai pas vu, mais il faut avouer que c'est un peu la zone pour n'importe quel amateur de cinéma américain mainstream. C'est vrai quoi. Pas de film d'action, pas de film Marvel ou DC... Rien à cause du virus.


En me renseignant un peu, j'ai vite appris que tout le monde comptait sur ce Tenet -- exploitants de salles compris -- pour rammener les gens au cinéma. Le film est, à l'heure où j'écris ces lignes, encore vu comme une sorte de messie sortie de nulle part capable de ressuciter à lui seul toute une industrie, mais est-ce réellement le cas ?


Je ne peux pas être objectif. C'est clairement impossible. Le film m'a mit une telle claque que le juger sans mon point de vue de petit gars fan de science-fiction et de films noirs est impossible. Parce que oui, Tenet ce n'est pas qu'un film de SF, c'est aussi un film d'espionnage. Les codes de ces deux genres sont d'ailleurs entre-mêlés en permanence ce qui donne un résultat final unique : Tenet est quelque chose que l'on ne reverra jamais, de près comme de loin et je pense que c'est dû en grande partie à son scénario. D'après Wikipédia, Nolan avait le scénario en tête depuis une vingtaine d'années mais cela ne faisait "que" sept ans qu'il bossait sur la version finale, actuellement en salles, compréhensible vu l'ampleur de la chose.


Le film s'ouvre sur un homme sans nom et d'une opération qu'il s'apprête à réaliser, ça foire, et on apprend que l'homme est un agent de la CIA censé empêcher une troisième guerre mondiale. Très vite il découvre qu'il est possible de manier et inverser le temps, chose qui, entre de mauvaises mains, peut engendrer la dite guerre qu'il cherche à éviter. Ça, c'est pour le synopsis. Le film en lui-même étant bourré de twists et de retournements de cerveau en tout genre, il serait compliqué d'en parler sans en évoquer les subtilités. Enfin si c'est possible, mais je vais devoir passer par une zone "spoilers" pour ceux qui souhaiteraient en apprendre plus sur le scénario.


La principale spécificité du film est qu'il est question d'inversion temporelle. Nous pourrons voir, par exemple, des oiseaux voler en arrière ou des balles rentrer dans un pistolet au lieu d'en sortir. C'est là-dessus que repose tout le scénario et si ça peut sembler étrange au début, c'est foutrement bien foutu. Nous, spectateur, nous débarquons au beau milieu d'une scène d'action à laquelle nous ne comprenons pas grand chose puis, plus le film progresse, plus cela est logique. Et c'est comme ça tout le temps. Vous voyez une voiture sortir de nulle part ? Ça sera expliquer plus tard. Une baston en sens inversé arrive sans la moindre once de cohérence ? On y reviendra d'ici quelques temps. Bref vous avez saisi le truc. Au départ on pourrait prendre ça pour une facilité scénaristique, ce qui n'est évidemment pas le cas. Tout est calculé au millimètre près et est bien trop précis pour que ça ne soit qu'une justification sans intérêt. On atteint parfois un degrès de perfectionnisme assez élevé et cela se voit surtout vers la fin du film où on se rend compte que tout n'est qu'une boucle temporelle. En effet nos personnages sont en quelque sorte "piégés" à l'intérieur de ce qu'ils appelent "l'algorithme" et qu'ils ne peuvent pas faire grand chose à part subir tout ça. Du jamais vu. C'est même assez dingue.


En tête d'affiche de ce Tenet, nous avons John David Washington, nouvelle tête d'Hollywood surtout connu pour avoir joué dans le BlacKkKlansman de Spike Lee sorti en 2018 ainsi que Robert Pattinson, dont tout le monde se souvient -- à tort -- pour son rôle de vampire / boule à facettes. La prestation des deux hommes est bonne, plutôt froide en ce qui concerne Washington mais ça correspond parfaitement à ce qu'on attend pour quelqu'un qui joue un agent de la CIA. De temps en temps leurs personnages nous gratifie de quelques petites blagues. Cela peut détonner vu la noirceur du film mais elles sont suffisamment légères pour passer inaperçues. Tant qu'on parle des personnages, j'ai beaucoup aimé le méchant aussi, même si c'est une carricature : Kenneth Branagh a beau être incroyable, je ne vois rien de plus qu'un gros mafieux russe avide de pouvoir.


Autre point important du film : son rythme. Comme il s'agit d'une course contre le temps, le film va à deux cent à l'heure. On ne voit pas passer les cent cinquante minutes s'écouler et c'est avec le scénar, sa principale force. Nous n'avons presque pas un instant pour respirer. On s'en prend plein la tronche seconde après seconde et c'est tout bonnement incroyable. Ces scènes d'action... la vache...


Tenet est donc un excellent film, un petit bijou comme on en voit rarement et qui n'est pas avare avec ce qu'il propose. C'est du grand divertissement et c'est une vraie dinguerie scénaristique. Le seul reproche que je lui ferai est un méchant trop archétypal mais bon on ne peut pas tout avoir.


Est-ce qu'il s'agit pour autant du "sauveur" que tout le monde attendait ? À vous de voir. Pour ma part oui, mais ce n'est que mon point de vu. Vous êtres libre de vous faire le vôtre.

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le 6 sept. 2020

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