Tenet, ou l'avènement de l'Acteur kantien

Avec Tenet, Christopher Nolan touche du doigt la perfection. Plongeons au cœur de cette oeuvre métaphysique dont l'on peut déjà dire qu'elle marquera les esprits de toute une génération.


Le protagoniste, un anonyme dont rien du passé ne nous est livré, est chargé par la CIA de sauver le monde d'une 3e guerre mondiale. Toutefois, ce n'est pas tout : le véritable ennemi lutte depuis l'ombre du futur. Sa mission sera d'autant plus dangereuse qu'il n'en sait pas beaucoup plus sur ses alliés ni sur l'arme d'un genre nouveau avec laquelle il devra composer : l'inversion temporelle.
C'est sur cette présentation des faits qu'éclate la métaphysique véhiculée par l'oeuvre, d'inspiration kantienne : le protagoniste n'a pas d'autre intérêt que celui de se conformer au devoir qui lui est dicté, à savoir sauver l'humanité, rien que ça.


Il en découle que le protagoniste, l'homme sans passé ni histoire, n'existe pas en tant que tel dans le message que Nolan veut nous transmettre, ou plutôt si, il est tout : l'humanité incarnée se conformant à son devoir, celui de se sauver elle-même. Le réalisateur nous donne même cette clé en filigrane.
Pour cela il faut tout d'abord comprendre une chose dans le cinéma de Christopher Nolan: les éléments qui paraissent sans contenu, dont le seul intérêt réside dans leur simple existence, sont souvent de valeur purement symbolique. Tenet nous en livre un bon exemple, outre les personnages du protagoniste impersonnel ou de Max (qui n'est évidemment personne d'autre que Niel dans le temps inversé...) : l'algorithme dont la destruction causerait une inversion du temps définitive mettant fin à la vie telle qu'on la connait. Cet algorithme et ce qu'il recèle sont des mystères pour le spectateur, le laissant tomber dans le piège de l'interprétation abracadabrante. Et c'est là que le symbolisme doit le rattraper.
En effet cet algorithme n'a jamais existé en tant que tel. Rappelez-vous la dernière étape du film, où l'algorithme risque de disparaître, au fond d'une grotte, menacé par une bombe ... tout comme le protagoniste au fait. Nous pouvons en conclure que le protagoniste et l'algorithme ne sont en fait que les deux faces d'une même pièce, deux perceptions de l'humanité, cherchant vainement à se joindre : l'humanité comme volonté collective mue par ses valeurs communes, incarnée par notre kebou J.D. Washington, et l'humanité comme embarcation collective, poursuivant sa course inaltérable vers le progrès qui causera aussi sa perte - comme on le dit d'ailleurs explicitement dans le film - , symbolisée par l'algorithme.
En confiant au protagoniste, à l'homme, d'assurer la sauvegarde de l'humanité, c'est-à-dire de sauver sa peau ainsi que celle de l'algorithme, Nolan transmet un message engagé, celui d'exhorter l'humanité à s'unir, à ne faire qu'un, pour se sauver de sa propre mécanique du progrès implacable, immanente à notre espèce, tel un algorithme inscrit dans notre code génétique ...


non en vrai j'ai rien compris hein

LouisCornet
10
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le 31 août 2020

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Juste Babouche

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