Sous ses airs de blockbuster, TeneT est en fait un nanar SF sous genré, dont l’intrigue repose sur un BDO : un Big Dumb Object (cf. « Le Science fictionnaire » de Stan Barets).
Le BDO c'est donc un gros truc débile ; dans l'univers de la SF il s'agit d'un concept ou objet, à la fois grandiose et fallacieux. L'exemple le plus populaire est sans doute le monolithe de 2021 : pierre imposante et énigmatique défiant les lois de la nature et de la physique. Phénomène inexpliqué très très technologique, prophétique, voire extra-terrestre... le BDO fascine. D'énigmes en mystères, on ne connait finalement jamais vraiment l'origine du BDO, son fonctionnement, son utilité... c'est trop compliqué de toute façon... vous n'êtes pas assez avancés intellectuellement pour comprendre.
Bref c'est un attrape nigaud, un artifice, un coup de bluff organisé selon la technique du "plus c'est gros plus ça passe", du "toujours plus" et qui sert de (gros) ressort à l’œuvre fictionnelle. Parfois ça fonctionne et l'auteur construit quelque chose de palpitant autour du BDO, ce n'est pas un mal en soi, un film, un bouquin de SF, c'est divertissant, pas forcément rationnel. Parfois c'est ridicule, et c'est pas grave encore.
Mais le TeneT de Nolan, est ridicule, pas palpitant du tout et pédant, et ça c'est dommage.
Pour son BDO, Nolan (ou devrais-je dire NoloN ou NalaN ?) ne déroge pas aux deux règles sus-nommées. Faut dire qu'il devient spécialiste puisqu'il avait déjà réussi un beau coup avec Inception, mais c'était presque plus subtil.
J'ai sus-nommé alors "plus c'est gros plus ça passe" et "toujours plus". On a donc l'objet antique, magique, énigmatique : le carré Sator cryptogrammique, palyndromesque ! et le concept aussi fameux que fumeux de l'entropie quasistatique, dérivé poussivement par Nolan pour lui permettre de manipuler le temps, d'y voyager relativement, de faire la guerre en replay, du néo-terrorisme mégalo 2.0 du turfu et même de faire voler les mouettes à l'envers.
TeneT ? ou TeneT ? Tiens, tiens... KayaK ? ou KayaK ? Koin, koin...
Bien sur il convient de camper rigoureusement ce paradigme métaphysique novateur, époustouflant, confondant, gigantesque, inexplicable, incompréhensible... et de l'exploiter de la meilleure manière, au moyen, pourquoi pas, de 2h30 de considérations scientifico-philosophiques et de péripéties ringardes (un gentil, un méchant, un copain, une meuf, un monde à sauver et puis l'inverse). Les acteurs de Christopher martèlent donc des inepties sur un ton très convaincu et enchainent les cascades, à l'endroit et à l'envers.
On ressort essoré par les ressorts (haha) abracadabrantesques du scenar, saoulé par un verbiage abscons et une argutie pédante, nauséeux à cause des séquences de baston vainement frénétiques et en verlan... et aussi le sentiment d'avoir été floué : en effet TeneT, comme son nom l'indique, n'a ni queue ni tête.
"Ne cherchez pas a comprendre....mais ressentez le" vous le ressentez bien profond le monolithe ?