De modernes HLM de banlieue posées au milieu de terrains vagues et de friches dans la proximité contrastée de faubourgs anciens et décrépis. Images et cadre saisissants dont la portée documentaire se dissout dans une fiction sociologique ratée dans ses grandes largeurs. En humaniste, Marcel Carné s'intéresse au sort d'une jeunesse de banlieue oubliée dont le désoeuvrement tutoie la délinquance. Et nous ne sommes qu'au début des années 60...
L'histoire est celle d'une bande de mauvais garçons, comme on disait à l'époque, commandée par une fille, Dan (Danièle Gaubert), qui trompe l'ennui en commettant de petits larcins d'ados ou par d'assez risibles séances initiatiques de gamins. D'accord, la jeunesse d'alors n'a pas grand'chose à voir avec celle d'aujourd'hui qui a depuis longtemps repoussé les limites de la délinquance. Mais la gravité, voire la portée tragique, que Carné entend donner au film le détourne de la plus élémentaire authenticité. Ses adolescents qui jouent les durs et qui posent sont constamment ringardisés et discrédités par une direction d'acteurs grotesque, balourde, et des dialogues maladroits. Tout à son postulat alarmiste sur la jeunesse livrée à elle-même dans les grands ensembles, Carné sacrifie ses comédiens et personnages, jamais naturels, à une vaine tentative de résurrection du réalisme poétique.