Femme, épouse, mère, guerrière

Le bien, le mal, c'est pas toujours clair. Parfois, dans la vie on se réveille du mauvais côté. Et quand c'est arrivé à ton père, il a eu le courage d'arranger les choses comme il le fait toujours. Et quand il reviendra, ces tueurs dehors vont savoir ce que c'est que la colère de Dieu.

Ni le diable, ni le seigneur lui-même

Terror on the prairie réalisée par Michael Polish est un western bien fichu doté d'un petit budget que le cinéaste emploie avec ingéniosité pour en tirer le meilleur. Sur un scénario de Josiah Nelson, le récit nous propulse dans les magnifiques paysages du Montana sublimés par la superbe photographie de Steeven Petitteville qui capture la beauté et la dureté de son environnement sauvage. Au sein de ce milieu hostile, on y suit Hattie McCallister (Gina Carano) et son mari Jeb (Donald Cerrone). Un couple de pionniers qui subsiste avec difficulté en tant que fermiers dans les grands espaces de l'ouest des États-Unis avec leur petite fille encore bébé et leur jeune fils, "Will" (Rhys Jackson Becker). Jeb se rend en ville à la recherche de provision. Une longue route qui laisse Hattie seule avec les enfants face à un quatuor de hors-la-loi (Nick Searcy, Tyler Fischer, Gabriel-Kane Day Lewis et Heath Freeman) venus demander le gite et le couvert. Très vite les choses s'emballent. Hattie se retrouve au cœur d'un traquenard dans lequel elle va répondre en prenant les armes. Une intrigue simple et efficace où tout devient rapidement passionnant. Souvent imprévisible, le scénario captive le spectateur en projetant de la meilleure des manières une femme au cœur de l'action. Une femme, une épouse, une mère, une guerrière, traduite avec habileté et ingéniosité. Elle réchappe à une ultra-féminisation excessive et péjorative pour rester dans un réalisme perçant et sincère. Pas de moralité sur sa condition, elle appartient à son époque. Une femme perçue comme forte non pas sur le plan intellectuel ou moral à travers une soi-disante émancipation du patriarcat, mais devant sa ténacité face à l'adversité. Une mère courageuse qui défend sa progéniture coûte que coûte. Un combat universel qui parle pour chaque mère peuplant notre monde.

Terror on the prairie est un thriller westernien sombre et violent. Un huis clos à ciel ouvert sous forme de film d'invasion oppressif qui retient l’attention en présentant une tension constante. Une ambiance anxiogène qui prend souvent aux tripes à travers un rythme lancinant. Une cadence décousue qui compense sa lenteur par un suspense constant. Un cheminement savamment appuyé par une réalisation immersive. Un travail de mise en scène authentique qui capture la dureté et la brutalité de son cadre. La réalisation de Michael Polish est de qualité. Une conception ingénieuse réalisée avec des plans de qualité pour un travelling intelligent qui assure un réalisme conséquent. La musique minimaliste de Dalal Bruchmann et Maesa Pullman ajoute une texture formelle, typique et solennelle, où les sons naturels projettent le spectateur au cœur de l'action. L'action est brutale ! Dès la scène d'ouverture on se confronte à une exécution sauvage qui annonce d'emblée de jeu la couleur. Amoureux des westerns aventuriers mettant à l'honneur la légèreté et le sourire, ce film n'est pas fait pour vous. Terror on the prairie est un long-métrage implacable où les confrontations s'enchaînent avec plus ou moins de crédibilité pour un résultat satisfaisant. On regrette quelques moments invraisemblables avec des ennemis maladroits, ainsi qu'une sécurisation de la maison qui me paraît difficilement tenable. À défaut d'être parfait, les rebondissements restent suffisamment solides pour passer un très bon moment. Le final tient ces promesses.

Gina Carano n'est pas une grande comédienne et ça se voit, pour autant elle est parfaite dans ce rôle. Son manque de sensibilité et sa dureté physique semblent idéalement cadrer avec la vie difficile qu'elle mène. Sous les traits de Hattie McCallister, elle incarne une femme "vulnérable" prête à relever les nombreux défis difficiles de sa vie coupée du monde. Un personnage crédible qui fait ce qui doit être fait pour survivre. Une retranscription psychologique intelligente et audacieuse à l'origine d'un protagoniste féminin authentique. Bravo à la comédienne qui se dresse comme une figure héroïque percutante en phase avec son époque. Avec une émotion propre, elle affronte avec ardeur et courage les quatre hors-la-loi qui passent un sale moment. Elle se confronte à des moments rudes, entre le meurtre de son voisin incarné par le seul et unique Matthias Hues, que je suis ravi de retrouver, où encore le final abrupt qui s'articule autour de son viol. Nick Searcy sous les traits du capitaine Miller, incarne un antagoniste percutant. Un "méchant" crédible convaincant qui échappe à la caricature en se présentant comme un homme meurtri. Initialement une victime qui réclame vengeance. On comprend sa colère malgré la violence abusive qui nourrit sa fureur. Une humanité brisée par les affres de la guerre qu'il déverse en débitant des versets bibliques. Les trois malfrats qui l'accompagnent font le travail. Le jeune Rhys Jackson Becker est convaincant, de même que le patriarche incarné avec crédibilité par Donald Cerrone. Gina Carano et Donald Cerrone forment un couple convaincant.

CONCLUSION :

Terror on the prairie de Michael Polish est un western intimiste sous forme de huis-clos ouvert prenant place à un moment où le genre cinématographique est en pénurie de nouveauté ce qui rend l'arrivée de cette proposition totalement bienvenue. Un long-métrage mouvementé d'une efficacité authentique autour de son héroïne principale qui offre une retranscription honnête d'une femme en phase avec l'époque où elle prend vie.

Une petite bouffée d'air frais à prendre comme un divertissement honnête et non comme un grand western.

Il n'y a pas de loi sur terre, au paradis ou en enfer qui peut empêcher un père d'accomplir sa vengeance. Ni le diable, ni le seigneur lui-même.