Jeux d'enfants mélancoliques

The Adults correspond tellement à l'idée que l'on se fait du cinéma américain indépendant que cela en devient presque caricatural. Plutôt que de raconter une histoire avec une éventuelle progression dramatique, le film se contente de nous présenter un mince argument de départ (les retrouvailles d'un frère avec ses deux sœurs) et d'enchaîner les situations et les conversations, censées nous informer de l'état de leurs relations et des raisons qui les ont tenu éloignés, l'un des autres, jusqu'alors. Toutefois, rien de palpitant n’apparaît à l'horizon, avec un côté neutre, légèrement saupoudré de mélancolie. Ces passages, qui ne s'animent, de façon artificielle, que quand les personnages retrouvent un temps leurs jeux d'enfants et leur complicité, prétexte à se dire quelques vérités, regrets ou reproches, alternent avec des parties de poker filmées avec une décontraction (désinvolture ?) peu propices à susciter un quelconque enthousiasme. Dans la mollesse quasi générale, où le malaise existentiel mais vague du trio a du mal à délivrer un commencement d'émotion, les interprètes font ce qu'ils peuvent pour donner un peu de vie à leurs personnages. Davantage que Michael Cera et Hannah Gross, assez fades, c'est Sophia Lillis, dans un rôle pourtant peu écrit, qui attire l'attention, avec son visage qui rappelle la Jean Seberg des débuts, et une capacité à mettre un peu de profondeur dans un ensemble qui en plutôt dépourvu.