Je l'avoue, je n'étais pas très emballée par ce film et, la bande annonce, si elle m'avait montrée de belles images, ne m'avait pas vraiment convaincue que ce énième Batman était différent.

Car, en effet, comme Spiderman, Batman revient sans cesse et tout particulièrement ces dernières années avec un nouvel interprète et une nouvelle "vision".
Ca fait beaucoup de Batmans (Batmen?) qui, pour certains, n'ont pas vraiment eu le temps de se développer correctement. Je pense ici bien sûr à Batflek dont le Batman vieillissant était tout à fait réjouissant et intéressant et dont les grandes épreuves nous ont été volées par une course à la Justice League. Mais passons.
Nous avons eu entre temps aussi, le film "Joker" qui, s'il se centre sur la nemesis préférée de l'homme chauve souris, prend le temps de s'attarder sur Bruce Wayne, sa famille et son destin, irrémédiablement lié à celui du Joker. Ce Batman est presque mort-né étant donné que je ne vois pas de suite à l'horizon et qu'une nouvelle itération a déjà pris sa place, celle de Matt Reeves, interprétée tout en regards douloureux et mèches grasses rebelles par Robert Pattinson (surnommé chez moi : La Patinse).

On l'oublie trop souvent, mais, à l'origine, Batman n'est pas un personnage sombre. Ses aventures, bien que violentes, sont colorées et s'il n'est pas un être solaire comme Superman, il n'est pas non plus le personnage déprimé et sombre qu'il est devenu après les années 80 qui voient ce personnage emblématique de Detective Comics, devenir l'anti-héros pur et dur que l'on connait aujourd'hui.
Pourquoi pas, mais on devrait pouvoir trouver un juste milieu entre Adam West (qui j'aime beaucoup personnellement) et ce que l'on nous propose systématiquement aujourd'hui.

Et c'est un des points positifs que je trouve au présent film (j'y viens!).

Alors oui, on est toujours du côté dépressif à s'ouvrir les veines du personnage (puissance mille, bonjour le look Emo) mais on retrouve avec bonheur (à mon avis) l'aspect détective classique du personnage que l'ont avait perdu au fil du temps. Ce Batman ne gère pas tout à coup d'analyse hyper-tech qu'on comprend pas, de courses-poursuites et de coup de poings mais par un travail intellectuel revigorant. Il y a des scènes d'actions mais elles ne semblent pas aussi prépondérantes que dans d'autres films (ce doit être tout simplement proportionnel, vu la durée monstrueuse du film). Intelligemment, on lui oppose donc, son adversaire spécialiste des jeux de mystères, The Riddler (non, je ne l'appellerai pas Le Sphynx). Je ne suis pas du tout emballée par cette vision du personnage qui emprunte beaucoup trop à une imagerie moderne (et surexploitée) et n'est finalement qu'un Jigsaw en moins fun. Le masque est d'autant plus inutile que le mystère ne repose pas sur son identité. Grosse déception donc que ce personnage clé. (Dano en fait d'ailleurs de caisses)
Le film est clairement influencé par le film noir avec le monologue intérieur du détective, toujours désabusé, qui rythme la narration. Bruce Wayne est un Sam Spade reclus et sous prozac.
L'esthétique reprend aussi beaucoup à l'imagerie noir et neo-noir et certaines vues de Gotham (qui est manifestement la ville de NY, comme dans Joker) rappellent clairement Blade Runner. Selina n'est autre que la femme fatale et le Détective est toujours mal vu par la police parce qu'il reste toujours en marge de la loi et de la société.

On nous propose aussi une vision intéressante de la relation Batman/Police qui est passée, au cours des années, de la coopération totale au grand jour à une coopération ponctuelle et à l'antagonisme. Ici, Gordon coopère pleinement avec Batman et l'impose sur ses enquêtes au grand dam des autres policiers. Batman, qui indique être en activités depuis 2 ans à Gotham, inspire la méfiance à tous. Il instille la peur chez les criminels mais ne fait pas l'unanimité. Cela offre une belle évolution à un personnage qui doit découvrir ce qu'est sa destiné.
On nous épargne, (DIEU MERCI) l'Origin Story (TM) de Batman. On a quelques phrases par-ci par-là mais point d'image de collier de perles qui se casse sur le pavais, nada! Yeahhh!

En bref, les 2 premières heures du film sont vraiment bien. Tout ne m'a pas convaincue tout le temps, mais en gros, j'avais un Batman qui avait suffisamment de particularités et dont l'existence se justifiait.
Et la dernière heure jette un peu tout ça aux orties. De grande scène de combat en symboles passés à la truelle, de discours pompeux sur l'état du monde à un conclusion un peu trop abrupte, ce film trop long a replongé à pieds joints dans le déjà vu et le déjà fait.
Il y avait jusque là des éléments déjà vus, mais c'est Batman, on ne peut pas non plus demander que tout soit nouveau! On aura Catwoman, on aura Gordon, on aura Alfred etc ... Mais mon souci c'est que sur la forme Reeves essaie de faire nouveau (il y parvient à peu près mais j'aurais bien aimé voir un peu mieux les scènes), il tente de renouveler le fond (cinématographique) avec plus de psychologie (Bruce Wayne disparait totalement derrière son alter ego ici), avec un antagoniste qui n'a pas été usé jusqu'à la corde et dont la dernière apparition, si je ne m'abuse, était en collants verts moulants avec Joel Schumacher à la barre, avec une intrigue souterraine, un complot à démêler. Le mystère n'est pas compliqué, les énigmes, si elle ne sont pas enfantines, sont assez simples et la solution saute aux yeux assez rapidement, au point que ça en devient énervant que le "plus grand détective du monde "ne trouve pas plus vite. Il tente malheureusement de renouveler le fond avec un discours qu'on a déjà vu dans Dark Knight Rises et surtout dans Joker sans y mettre un petit grain de sel qui lui donnerait une nouvelle saveur : bouhhh riches = méchants et les pauvres écrasés par la corruption se tournent vers la violence!

Et mon problème de fond avec ce film c'est que Reeves utilise moults procédés pour nous montrer le parallèle qu'il existe entre Batman et son Riddler. Des plans identiques, des scènes identiques (très subtils soit dit en passant) et par l'ampleur que le Riddler prend et avec son dernier acte, il se comporte comme le Joker.
Qu'on le veuille ou non, l'envers de la médaille de Batman, c'est le Joker. C'est pour ça que c'est lui sa nemesis et pas les autres. Et Le Riddler n'est ici qu'un sous Joker.

D'ailleurs l'apparition du Joker à la fin à l'asile d'Arkham est d'un pauvre! Houuuu, mais qui cela peut-il bien être!?!? On ne va pas dire son nom parce qu'on ne sait jamais .... La coiffure dudit "personnage" rappelant sans aucun doute la couverture de The Killing Joke (et là, malgré moi, je suis en transe. Je me plains mais je suis titillée quand même, je suis pathétique)
Cette présence ne sert qu'à renforcer cette sensation qu'on nous a montré le mauvais personnage. Le rire maniaque identique n'aide pas d'ailleurs!

Et j'ai un gros souci de vraisemblance lorsque Batman est assommé et qu'il est ramené au poste de police. Les flics présents ont eu disons 30 minutes pour lui enlever son masque mais ne le font qu'au moment où il est en train de se réveiller. Quel coup de bol qu'ils aient d'abord testé la réaction de ses pupilles et son pouls! Leur curiosité est sans borne en ce qui le concerne mais les premiers secours d''abord! Dommage, c'était aisé à éviter. Mais je peux mettre mon mouchoir dessus, c'est Batman, personne n'essaie jamais de lui enlever son masque au bon moment.

Au final, la balance tombe plutôt du côté du positif pour moi d'où une note pas mirobolante mais largement dans la moyenne tout de même.
Parce que, malgré un acteur qui à mon sens manque de charisme (mais son Bruce est un reclus qui veut ne pas être vu, alors pourquoi pas) mais qui, à ma grande surprise, ne déshonore pas le costume, qui est un peu trop dans sa propre version façon The Crow; malgré ce message peu original et rabâché un peu maladroitement, malgré une CatWoman qui ne sert à rien mais qu'on a pas envie d'étrangler, malgré les quelques fils blancs de l'intrigue et un antagoniste mal choisi, ce Batman finit sur une note d'espoir et une note positive. Batman, tout sombre qu'il est, est un espoir pour sa ville, pour les gens qui l'habitent et on l'oublie trop souvent (grace à Nolan et sa trilogie qui détruit allègrement cet aspect du personnage). Ici, Bruce, enferré dans son traumatisme et sa vengeance, a oublié qu'il peut être un symbole de justice et non pas un exemple du mal. Ok c'est maladroit et Batman comme source de ses antagonistes c'est vu et revu mais au moins ici, il prend conscience qu'il doit se montrer pour rassurer et non plus se cacher pour faire peur.

Et rien que pour ça, ce film trouve grâce à mes yeux.

PS : à voir en VO à mon avis à cause de tous les jeux de mots.

Anilegna

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8
5

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