Aborder un thème aussi brillant à l'aide d'un scénario on ne peut plus plat, c'est le nouveau caprice de Sofia Coppola, épaulée de toute la famille. Pour sur, les personnages mis en scène précédemment par la réalisatrice appartiennent à un milieu très aisé et baignent dans l'abondance. Les ados qui se faufilent dans les maisons de leurs starlettes préférées ne faillissent pas à la règle.


Excités par le fait d'enfreindre la loi et d'ouvrir les portières des bagnoles, ces enfants gâtés voient immédiatement plus grand. Enfiler les habits de leurs idoles, rentrer dans leur vie en rentrant dans leur dressing. Ils innovent; ils sont intouchables dans leur démarche d'affiliation à leurs héros. L'engrenage dans lequel ils sont pris est intéressant, la confiance mêlée à l'excitation les portent toujours plus loin. Et ce jusqu'à jouer avec un flingue. On sent bien qu'ils sont possédés, mais on aimerait bien en savoir un peu plus sur les motivations qui les poussent à agir dans les pas de leurs idoles en négligeant la dangerosité de leurs actes. J'y reviendrai.


La musique de merde alors bon, elle est là et c'est inévitable. On le sait, c'est l'élément incontournable de ces jeunes (dé)branchés, c'est le maillon fort de ce décor en carton. Dès le début le ton est donné, et c'est a priori normal puisque nous devons être plongés dans l'univers de ces ados en quête de rêve. Musique de merde dans le générique, ok. A gerber, mais ok. En boîte ok. Bon puis y'a Emma, et la blonde, et puis Rebecca, c'est donc un oui. Et puis non, à un moment faut arrêter. En tout cas ça devient inaudible, et à trop jouer avec nos estomacs, ça va finir par sortir.

A vrai dire on ne sait plus si Sofia Coppola utilise abondamment ces codes pour en souligner la stupidité ou si elle se prête elle-même au jeu. On ne sait plus si tout ce qui brille là, devant nous, à la portée de ces gosses qui goutent à leur bonheur du bout de leurs doigts est là pour nous écœurer ou nous allécher. J'ai même peur que la réalisatrice se joue des ces filles assises deux rangs devant moi et les fasse boire toutes ces robes qu'elles ne pourront jamais se payer. J'ai peur qu'elles regorgent de jalousie. Bref.


Le problème, c'est que Sofia ne veut pas réellement critiquer cette dévotion, cette passion des ados envers l'apparence de leur stars préférées. Cela dit, elle ne la justifie pas non plus, mais c'est pas du tout traité, à peine surligné. Et justement, la limite est ici-même, lorsque la réalisatrice utilise les mêmes codes pour réaliser son film que ceux fidèles à la bande du Bling Ring. La musique de merde, l'apparence esthétique plutôt que le fond, la beauté de la finition privilégiée sur la teneur du propos..etc. Ainsi, le film est guidé de la même manière que le sont les aspirations de cette bande de jeunes. La réalisatrice ne se dégage jamais et baigne dans leur univers. Donc c'est compliqué de porter un regard critique sur le comportement de la bande du Bling Ring. Là n'est apparemment pas la portée du film, mais le soucis c'est qu'il n'y en a tout simplement pas. Les adolescents ne saisissent jamais l'illusion dans laquelle ils baignent, enfin en tout cas Sofia Coppola ne l'aborde jamais. C'est son choix et c'est bien dommage. Du coup elle n'aborde pas grand chose. On reste en surface pendant 1h30.


Quelques scènes potables tout de même, enfin qui se dégagent nettement de ce qui devient de plus en plus dur à regarder, notamment lorsque l'on rentre (à peine) dans l'intimité des personnages; les aveux des adolescents. Ces révélations interposées furtivement tout au long du film se dégagent amplement; paroles authentiques, ces confessions tranchent subtilement avec l'absence de profondeur dans les dialogues tout au long du film. Par ailleurs, est survolé un fait intéressant, lorsque Rebecca retourne sa veste (empruntée à sa people préférée). Elle reste fidèle à ses héroïnes flamboyantes, en niant les faits, plutôt que d'aller au-delà de cette excitation pubère et créer ainsi quelque chose d'enfin profond avec un véritable ami. A noter d'ailleurs que la vraie Rebecca a toujours nié avoir participer aux cambriolages.
Une autre scène "marquante" du film : celle où Mark et Rebecca entrent dans la maison de Paris Hilton pour la première fois (de plus qu'il s'agit de la véritable demeure de la bimbo). Dans les escaliers, des photos, des portraits, des unes de magazines à l'effigie de Paris Hilton. Ce sont des yeux obnubilés, emplis de découverte et d'admiration qui gravissent ces marches. Mais ce sont surtout des adolescents aveuglés. Celle qu'ils admirent s'admire encore plus elle même. Il n'y a vraisemblablement pas de place pour eux dans la vie de ceux qu'ils rêvent tant d'imiter.


Et puis Emma… Arf. Emma. C'est non. C'est pas qu'elle soit forcément dégueu dans ces mini jupes et ces joggings moulants, mais à un moment faut pas trop en faire non plus. A l'évidence ce rôle ne lui colle pas à la peau, et à surjouer la pétasse, on n'y croit plus. Franchement déçu du rôle qui lui est confié. Mais on la retrouvera vite...


Finalement, le film est à l'image de la manière dont Nicki tient sa clope. C'est alléchant, mais ça sonne faux. On voit bien qu'Emma Watson ne fume pas dans la vraie vie. Alors bon, quand on ne sait pas faire quelque chose, à quoi bon faire semblant ?


Le film est vide et très décevant. Alors je n'ai plus vraiment de quoi me justifier, j'y suis allé uniquement pour Emma Watson. Je ne peux plus me cacher, je me suis fait prendre, la main dans le sac.
Je ne l'ai pas volé!

Bidoudoume
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le 13 juin 2013

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Bidoudoume

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