The Brutalist, est un film particulier qui touche mais qui peine à sincèrement émouvoir, car à mon avis il se prend les pieds dans une étrange fascination pour la perversion. Et apparait comme un mélange instable entre voyeurisme et dramatisation gratuites.
Dès les premières scènes, l’auteur installe une vision du monde gouverné par les rapports de domination, la cupidité et la corruption morale mais sans jamais parvenir à s’en détacher au cours du film. On a l’impression que les personnages sont emprisonnés par le scénario, que tout est sacrifié par la vision de l’auteur et son gout du massacre, que les personnages n’existent qu’à travers la volonté de la mise en scène de les avilir toujours plus sans jamais exister pour eux-mêmes. Condamné à devenir des martyrs de l’existence.
Le film emprunte les codes de la biographie mais n’en est pas une. Il évoque ainsi des lieux, des personnages, qui n’ont jamais existé. Et ce choix entretient une forme d’ambiguïté, voir de duperie pour le spectateur.
Sur le fond, le personnage centrale, survivant de la shoah, qui fuit le trauma concentrationnaire reste enfermé en Amériques dans un statut d’étranger « toléré ». Et ses relations se nouent uniquement par intérêt transactionnel allant de la prestation professionnelle à la soumissions perverse de ses richissimes bienfaiteurs. La société Américaine qui prétend incarner le droit apparaît alors comme le prolongement d’un environnement oppressif, où la souffrance et l’humiliation se répètent sous d’autres formes.
Si le propos de fond revêt un vrai intérêt, l’accumulation d’épreuves dramatiques infligées aux personnages, dérange, voir dégoute. Tout au long de l’histoire, les personnages sont confrontés, à la maladie, la perversion, l’inceste, l’humiliation, le viol… la liste est longue. Cette surenchère affaiblit la portée dramatique tant elle questionne la vraisemblance et alimente la saturation. Certaines scènes comme celle du viol semblent d’autant plus gratuites qu’elles n’ajoutent rien de substantiel à la narration.
Le véritable atout de de ce film reste néanmoins la photographie, la beauté des plans, leur symétrie leur teinte lumineuse magnifique. Ces images constituent la toile de fond splendide qui contraste avec des scènes du quotidien qui s’engluent dans la boue de la souffrance. Les images, les paysages apparaissent alors comme l’unique horizon de beauté, l’unique point de fuite salvateur pour des personnages qui s’enfoncent toujours d’avantage dans la douleur.