Des mots, toujours des mots...

S'il y a une chose que l'on peut admettre c'est que le coup de communication pour ce troisième opus de la saga Cloverfield était absolument excellent. En gros on te dit, tu vois ce film qui a l'air bien, ben tu peux le voir là, maintenant, tout de suite, chez toi... contre un prélèvement mensuel de dix balles par mois jusqu'à la fin de tes jours car tu ne vas jamais l'arrêter.

Sauf que derrière le coup de com', il n'y a rien. C'est bien malheureux. Je n'aime pas du tout le premier Cloverfield parce que ça se veut réaliste, sauf que ça ne l'est pas une seule seconde, donc lorsque le parti pris est justement de te faire vivre une attaque de monstre du point de vue du bas peuple qui ne sait rien sur rien et qui en prend juste plein la gueule, ben ça ne passe pas du tout. Cependant, la suite m'avait pas déplu, du moins pas totalement. Il y avait l'idée de créer un univers au cinéma sans faire le même genre de film, en proposant cette fois un huis clos, avec en plus une actrice délicieuse, où l'on ne sait pas si le danger et dans ou au dehors de l'abri (et pourquoi pas les deux ?). Donc un troisième film qui se passerait l'espace, pourquoi pas. C'est une bonne idée... enfin... ça serait une bonne idée si le premier film n'était pas daté, on voit clairement dans le premier qu'on est dans les années 2000 et donc nous faire croire que pendant le premier on a en même temps un vaisseau hyper sophistiqué dans les airs qui sert à essayer de donner l'énergie à la planète qui en manque cruellement et qui est elle-même au bord du chaos... boarf. Personne ne peut croire ça. Autant je n'aime pas le premier film, mais si tu veux me faire croire que c'est lié, ne change pas le contexte économique. Imagine tu fais une suite à King Kong et en fait ça ne se passait pas dans les années 30, mais dans un futur post apocalyptique où on reconstruisait l'Empire State Building... ça n'aurait aucun sens.

Mais bon, le film peut toujours rompre la continuité et être très bon. Sauf que là c'est pire que tout. On alterne entre des scènes dans l'espace et sur Terre, alors que clairement on s'en fout des gens sur Terre, pourquoi on nous parle de ça ? (à tous les coups la fille qu'on retrouve c'est la fille de machin bidule qu'on a croisé dans le premier film en arrière plan et que les gros fanatiques ont identifié au premier coup d’œil... reste qu'on s'en fout car ça n'apporte rien au récit) Et en plus on ne traite pas correctement ce qui se passe dans l'espace.

On enchaîne les situations ridicules et improbables, les retournements de situations débiles et jamais personne ne se dit "oh ben ça alors, c'est bizarre, enfin un peu quoi". Clairement ils auraient dû s'arrêter au principe de base, une station spatiale perd soudain tout contact, même visuel, avec la Terre... et tu regardes ce que font les gens pendant 1h30/2h, ça suffit amplement, surtout si tu as pris une demi heure pour bien exposer tes personnages pas trop manichéens.

Mais là non, en fait chaque chose qui pourrait être marquante et qui mériterait que le film s'arrête dessus tant c'est con et improbable est juste passée à la trappe. On trouve une fille dans des câbles... un bras qui bouge tout seul... En fait faut imaginer qu'on a condenser tous les trucs bizarres de Lost en 1h40 et donc forcément, c'est pas facile à digérer et on a un peu l'impression d'être pris pour un con. Un peu...

Surtout qu'il n'y a aucune ambition formelle... Que toute la partie sur Terre fait tellement tâche qu'on dirait que comme pour Cloverfield Lane qu'elle a été rajoutée juste pour coller Cloverfield dans le titre et que ça fasse vendre. Sauf que autant dans Cloverfield Lane, rien que le fait que le film s'appelle Cloverfield tue tout mystère pour savoir si dehors c'est vraiment le chaos... Ici c'est juste inutile, mais totalement... On n'a aucune explication (et encore, il vaut mieux pas), ça flingue le rythme et ça transforme la série B de SF en nanar puant sans aucun budget vu comme toutes les parties sur Terre puent le manque évident de fric.

Donc en fait The Cloverfield Paradox naît de manière inopinée, mais inutile...