Un vent d’optimisme souffle sur Gotham City depuis que Batman, le lieutenant Jim Gordon et le nouveau procureur Harvey Dent bossent main dans la main pour endiguer la vague de criminalité de la ville en nettoyant les banlieues à coup de Kärcher. Mais un obstacle de taille se dresse encore sur leur route en la personne du Joker. Ce dernier n’en a pas vraiment après l’argent, c’est plutôt l’idée de semer le chaos dans un vacarme assourdissant qui le fait bander ainsi que de révéler aux yeux du monde entier la véritable identité du célèbre justicier. Le combat va prendre des proportions beaucoup plus aggravante et se transformer en lutte contre l’anti-terrorisme quand des attentats vont occasionner de lourds dégâts et générer une panique général aux quatre coins de la mégalopole. Lorsque tous les coups sont permis et que l’ennemi s’affranchit de toute forme de moralité, peut-on soit même employer les grands moyens et outrepasser les limites fixés par la loi ?


S’il y a un ennemi qui sait mettre le chevalier noir hors de lui, c’est bien le Joker, figure allégorique de la décadence et du mal, il est l’effet pervers occasionné par cette nouvelle politique de non droit où même les imitateurs de l’homme chauve-souris se font arrêter et pose une nouvelle fois cette fameuse question de la légitimité. L’idée est évidemment de pointer du doigt l’hypocrisie et de démontrer par le biais de l’anarchie que tout le système n’est qu’une vaste plaisanterie qui n’hésite pas à se contredire quand les autorités sortent de leur juridiction ou se mettent à déployer tout un arsenal de méthodes aussi brutal qu’illicite, quand la force préventive et la surveillance rapprochée font désormais état de jurisprudence. Batman n’est plus le héros sympathique autrefois esquissé par Tim Burton, mais un vigilante ancré dans une réalité contemporaine désillusionnée, alors qu’il est lui-même tiraillé par des doutes intérieurs qu’il devra dénier pour tenter de préserver l’espoir de bâtir une meilleure société autour de Harvey Dent un magistrat incorruptible et futur candidat à la mairie qui se laissera néanmoins consumer par ses émotions jusqu’à ne laisser derrière lui que la face la plus sombre de son humanité.


The Dark Knight détourne les conventions du genre super-héroïques en levant le voile sur la part fictionnel émanant des bandes dessinées. Pas d’éléments farfelues ou de frivolités, tout se veut rationnelle et terre à terre, le ton n’est plus à l’humour burlesque et aux couleurs saturés de Schumacher mais plutôt au cynisme désabusé de Franck Miller. La vision de Christopher Nolan se rapproche d’avantage de celle d’un Micheal Mann et fait de son blockbuster un thriller urbain chevillés dans les troubles et préoccupations de son époque (la surmédiatisation de la violence, le climat délétère et insécuritaire). L’intrigue assez dense ne se révèle qu’au fur et à mesure des manipulations du Joker et de ses pièges qui viseront avant tout à fustiger son adversaire ainsi qu'à subvertir son image de héros pour lui faire endosser le rôle du parfait salaud, contribuant accidentellement à faire de Harvey Dent le sauveur et le martyr de Gotham City et ce en dépit de Batman qui devra porter tout le poids de la culpabilité pour tenter de sauver le semblant d’ordre et de démocratie restant dans la société.

Le-Roy-du-Bis
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Le Monde a besoin de héros

Créée

le 21 avr. 2023

Critique lue 8 fois

Le Roy du Bis

Écrit par

Critique lue 8 fois

D'autres avis sur The Dark Knight - Le Chevalier noir

The Dark Knight - Le Chevalier noir
Hypérion
8

Un Joker au panthéon, un Batman de grande envergure

Pas encore remis de son dernier opus The Dark Knight Rises qui me fait encore trembler de rage mal contenue en y repensant, j'ai pris le risque de revoir son illustre prédécesseur, histoire de...

le 21 août 2012

100 j'aime

22

The Dark Knight - Le Chevalier noir
Sergent_Pepper
9

« Je suis une farce qui va »

Plus d’une décennie après sa sortie, et le triomphe presque sans partage des super-héros sur le box-office mondial du blockbuster, The Dark Knight reste une exception à plus d’un titre. Pour peu...

le 28 mars 2020

84 j'aime

9

Du même critique

Whiplash
Le-Roy-du-Bis
10

I’m Upset

On ne nait pas en étant le meilleur, on le devient au prix d’un travail acharné et d’une abnégation sans faille. Le talent n’est pas inné, il se développe et se cultive par un entraînement rigoureux...

le 17 juil. 2023

8 j'aime

21

La colline a des yeux
Le-Roy-du-Bis
8

Les Retombées

À Hollywood, on aime pas trop prendre des risques inutiles et les remake constitue des retombées financières garantie. Massacre à la tronçonneuse, Halloween, Vendredi 13... Evidemment, pour s’assurer...

le 19 oct. 2023

7 j'aime

3

Kickboxer
Le-Roy-du-Bis
7

Nok Su Kao

Beaucoup l’ont traîné dans la boue à cause de quelques langues de pute de journalistes qui ont voulu le tourner en ridicule, mais Jean Claude Van Damme n’en reste pas moins une bête d’athlète qui...

le 25 mars 2024

6 j'aime

7