* Critique originale disponible sur Duotaku no Sora *
Le basket m'a donné la force de vivre.
Miyagi Sôta est un jeune génie du basket qui s'entraîne souvent avec son petit frère, Ryôta, qui rêve d'atteindre un jour son niveau. Un jour où Sôta avait promis d'entraîner Ryôta, il se désiste pour aller pêcher avec des amis, occasionnant une dispute avec son petit frère. Ce jour-là, Sôta ne rentrera pas, victime d'un accident mortel en mer.
Ryôta a désormais 17 ans, son équipe de basket est parvenue à se hisser jusqu'à la demi-finale de la compétition nationale inter-lycée et doit désormais affronter la meilleure équipe du Japon, Sannô. Il est temps pour l'équipe de Shôhoku de faire le point sur ses convictions afin de tout donner pour obtenir cette victoire impossible !
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THE FIRST SLAM DUNK est donc un film d'animation inspiré par SLAM DUNK, le manga intemporel d'INOUE Takehiko sorti dans les années 1990. Après une adaptation animée diffusée entre 1993 et 1996 qui n'adapta qu'une partie du manga, plus aucun projet ne vit le jour malgré le succès toujours aussi vif de la série depuis 3 décennies. Ce n'est qu'en 2019, soit presque 25 ans après la fin de l'anime, que THE FIRST SLAM DUNK est annoncé. On apprend alors avec étonnement mais non sans enthousiasme que le film adaptera le dernier match d'anthologie du manga : Shôhoku VS. Sannô. Encore mieux, le film est écrit et réalisé par nul autre qu'Inoue lui-même. Il sortira finalement en 2023, à la bonne heure pour fêter les 30 ans de l'anime. Ce film tant attendu est-il finalement à la hauteur des attentes ?
Eh bien difficile de vous donner la réponse de manière concrète puisque j'avais lu SLAM DUNK il y a un bout de temps maintenant et n'étais pas allée jusqu'au bout de la série à l'époque… c'est donc plus en tant que fan de mangas curieuse que je suis allée voir ce film.
Celui-ci commence donc de manière assez incongrue puisqu'on nous conte non pas une histoire de basket, mais une histoire de famille, brisée qui plus est. L'homme de la maison vient de décéder chez les Miyagi, plongeant sa femme dans la solitude et poussant l'aîné des enfants à grandir plus vite pour l'épauler… avant que celui-ci ne subisse le même sort que son père. Son petit frère Ryôta dont il était très proche, décide de noyer son chagrin dans leur passion commune : le basket ball, et de tout faire pour égaler voire surpasser un jour le talent de feu son grand frère.
C'est ainsi qu'après une intro des plus fraternelle, l'Opening super nerveux et présentant notre futur groupe de héros vient donner le ton. Nous arrivons sur le terrain de basket en compagnie de l'équipe lycéenne de Shôhoku dont fait maintenant partie Ryôta. Ainsi le film oscillera tout du long entre séquence mémorable de basket et moment d'introspection des personnages qui chercheront à se rappeler ce pour quoi ils sont sur le terrain à ce moment même. On y suivra leurs aspirations, mais aussi leurs errances et leur remise en question jusqu'à leurs actions sur le terrain qui leur permettront de réaliser qui ils souhaitent devenir désormais. Le tout se fera, comme toujours dans SLAM DUNK, de manière très réaliste, avec une mise en scène des scènes de vie quotidienne parfois proche du film d'auteur, en mettant fortement l'accent sur le ressenti des personnages et les choses qui les ont marqué en bien comme en mal, occasionnant des scènes poignantes qui ne manqueront pas de nous serrer le cœur… quand elles ne nous couperont pas le souffle en revenant sur le terrain de basket.
En effet, à l'image de l'Opening qui arrive soudainement pour exploser l'introduction contemplative du film, les séquences du match contre Sannô seront hyper nerveuses. Les mouvements et expressions des personnages y seront particulièrement détaillés, aidés par un mélange de CGI accompagnée de 3D un peu déstabilisante au début mais convaincante sur la durée grâce à l'extrême fluidité des mouvements des joueurs. On notera également un chara design au top avec un style se voulant plus proche des illustrations les plus récentes de l'auteur (un choix plutôt judicieux au vu de l'âge du manga) et qui ne dénature pas le dessin que l'on connaît. Le seiyû cast sera lui aussi différent de celui de l'anime d’origine mais ne viendra pas dénoter avec le reste. Je ne saurai me prononcer sur la VF que je n'ai pas eu l'occasion d'écouter malheureusement mais c'est une bonne chose qu'elle existe en tout cas. Enfin, je n'ose même pas vous parler des OST. Et pourtant Dieu seul sait que les OST et moi ça fait deux généralement, mais alors celles du film m'ont littéralement scotchée à mon siège. Une pure tuerie comme j'en ai rarement entendu !
En dehors de ça la narration du film est efficace, parvenant parfaitement à appuyer là où il faut et ce peu importe le genre choisi, qu'il s’agisse des scènes contemplatives, d'action en jeu ou tout simplement de tension ou juste de silence. Le tout est, à l'image de l'œuvre papier, d'un réalisme proche des films en prises de vues réelles. La mise en scène ne sera évidemment pas en reste, parlant peu mais bien et offrant des scènes d'animation par moment époustouflantes, notamment sur la fin du film qui est extrêmement intense. Bref, on ne s'ennuie pas une seconde pendant les 2h et les différents tons de l'histoire se fondent toujours bien l'un dans l'autre, on ne se sent jamais coupé dans l’action malgré les transitions permanentes entre les scènes de vie quotidienne et les scènes de match.
Je ne saurai dire jusqu'où le film est fidèle à la version papier du match, mais j'ai ouïe dire qu'il y avait eu quelques changements mais fait de manière intelligente et qui n'ont rien changé à l'esprit de l'œuvre originale, plutôt un bon point pour les fans donc.
La seule chose que je relèverai est qu'il est plutôt surprenant que le film ne se focalise pas sur le héros du manga, Sakuragi Hanamichi, mais sur Miyagi Ryôta, qui n'a pourtant pas un rôle dominant dans ce match en particulier. Ce n'est pas une mauvaise chose puisque l'histoire du personnage - remaniée pour l'occasion et donc totalement inédite - est intéressante à suivre dans tous les cas, mais il faut savoir que Sakuragi n'obtiendra aucun quelconque traitement de faveur par rapport aux autres personnages. Et si dans le reste de l'équipe de Shôhoku, chacun aura bien droit à son propre moment d'introspection et d'évolution, le temps qui leur sera accordé sera vraiment moindre comparé à Miyagi, nous laissant quelque peu sur notre faim. Il en sera d'ailleurs de même pour la conclusion du film qui se finit de manière un peu abrupte, se recentrant sur la vie personnelle de Miyagi pour clôre dignement son arc mais nous laissant dans le flou quant à l'après-match et la suite de la compétition pour nos héros.
THE FIRST VICTORY
THE FIRST SLAM DUNK a battu tous les records au Japon et a même été récompensé. Et pour moi c'est amplement mérité. Sans parler de la joie de revoir une adaptation digne de ce nom pour un manga aussi légendaire, le film en lui-même est exécuté d'une main de maître à de nombreux niveaux (une prouesse quand on sait qu'il s'agit là du tout premier et unique film d'Inoue), nous laissant le souvenir d'une histoire forte et communicative, à l'image du manga dont elle est tirée.
Un beau revival pour un manga toujours aussi culte !