Meurtre inconséquent chez les touristes

Ce film au scénario original se savoure lentement en mélangeant les saveurs et les sentiments. Dans un Maroc de carte postale, deux riches bourgeois londoniens se rendent à une fiesta organisée dans un magnifique ksar en plein désert. Il se perdent et sur la route en pleine nuit , ils percutent et tuent un jeune berbère qui se dressait sur le chemin pour leur vendre un fossile.

Aucune culpabilité n'assaille ces européens gâtés et seul leur retard au diner affectera les hôtes . La Police , qui s'achète facilement classe bien vite l'incident. Et les réjouissances de continuer à se dérouler selon le programme : piscine, danses, cocktails et feux d'artifice.

Pourtant , du fond du désert, prévenu on ne sait comment, surgit le père de la victime. Un noble et vieux berbère, enturbanné et digne. IL Exige que l'homme l'accompagne dans son village et assiste aux funérailles du jeune garçon....La crainte de vengeance assaille l'anglais meurtrier qui cependant exécute le souhait du Viel homme.

Au cours de ce long retour dont on voit le tracé interminable sinuer entre les dunes tel un long périple vers l'inconnu, le cinéaste alterne entre des vues sur les "orgies" d'alcool et de libertinage auxquelles se livrent les touristes, qui se gavent de mets colorés et se trémoussent en bikini sur de tubes de Joe Dassin...dérisoires distractions , et les vues austères de l'Atlas marocain,, superbe et effrayant . IL scrute le visage impénétrable du père et peu à peu ce va et vient entre la futilité des occidentaux et la gravité pleine de dignité des orientaux nous adresse un message aussi allusif que lisible. Dans le même temps, pendant ce trajet, David change de regard..et peu à peu s'ouvre à la compassion et aux remords..(Belle performance de Ralph Fiennes qui passe du détestable raciste inconséquent à l'homme pétri de remords....Pour ne pas spoilier, je ne décrirai pas la dernière scène, mais sachez que le pardon annoncé dans le titre ne sera obtenu qu'après une stricte application de la loi du Talion. Un film original donc, partisan et percutant. Qui nous fait nous regarder (touristes éventuels ) avec un regard sans complaisance.