Libre de vivre

Un sacré film que voilà. À la base je ne suis pas un fan de Rupert Wyatt : "Rise fo the planet of the Apes" m'a ennuyé à cause du scénario et "The escapist" m'a semblé manquer de maturité tant dans le scénario que la mise en scène. Mais il ne faut pas désespérer. Ce coup de foudre avec l'auteur ne durera d'ailleurs peut-être qu'un film, mais ce qui est sûr c'est que ça aura été intense.

Je précise que je n'ai pas lu le livre qui a inspiré le film, ni la première adaptation avec James Caan, mais maintenant j'ai envie de découvrir les deux œuvres.

Le scénario est minimaliste à souhait. C'est même le personnage principal qui sert de moteur narratif : en effet, il se met volontairement dans la merde et tente de s'en échapper. Cela n'empêche pas de construire d'autres personnages qui auront chacun leur objectif à atteindre (récupérer leur argent), mais cela ne se fera que selon les actes du personnage principal. Tout dépend de lui. Et quel personnage principal ! Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu une caractérisation aussi intéressante et aussi bien exploitée. C'est foutrement bien écrit. L'intensité ne retombe jamais. Faut dire que les dialogues sont très prenants. Un scénario basé principalement sur des dialogues, c'est rare ça aussi. D'ailleurs, pas mal de scènes d'action sont intelligemment ellipsées ; ce choix narratif n'enlève rien à l'ampleur des conflits que doit affronter le personnage principal.

Côté mise en scène, Rupert a vraiment évolué de façon prodigieuse. Il parvient à créer un film d'ambiance tout en restant discret derrière sa caméra ; c'est par petites touches colorées, par une BO bien choisie, par un travail de lumière impressionnant et par une photographie léchée qu'il va réussir à instaurer cette ambiance hypnotique. Pas d'effets de caméra superflus (à part deux ralentis qui n'étaient pas nécessaires mais qui ne dérangent pas vraiment non plus). Et puis enfin, il y a cette interprétation sans faille : personne n'en fait trop, tout le monde est juste. John Goodman. Jessica Lange. Michael Kenneth Williams. Et les autres. Et puis surtout Wahlberg.

Marky Mark, il m'impressionne. Il a quitté la scène musicale début des années 90 pour se reconvertir en comédien suite à quelques caméos dans des séries télé. Une reconversion qui s'est plutôt bien passée puisqu'il décroche des seconds rôles dans des films plutôt bien reçus avant de devenir à son tour une vedette prisée pour des premiers rôles importants. C'est bien simple, quand je regarde sa filmographie, je me rends compte qu'il a su enchaîner projets indépendants et projets Hollywoodiens de manière très naturelle et que les deux catégories lui ont permis de se faire remarquer. Il aura quelques échecs à son actif (on retiendra surtout sa collaboration avec Tim Burton), mais rien de très honteux finalement. Ce qui m'étonne aussi, c'est qu'il n'ait 'que' 40 films à son actif. en 20 ans de carrière, c'est plutôt raisonnable et ça ne l'empêche pas d'être une star. De plus, depuis les années 2000, Mark est producteur ! Un producteur intelligent quand on regarde son CV, mais aussi un producteur qui prend des risques.

Je me souviens que lorsque "The happening" est sorti, il n'a pas hésité à dire que c'était une erreur. Que déjà lui qui joue un prof de math, c'était un très mauvais choix de casting. Personnellement j'ai beaucoup aimé le film justement parce qu'il est bourré de second degré (et que Mark en prof de Math, c'est justement ce qui est poilant).
Malgré cet argument, il n'aura pas hésité à devenir prof de littérature dans "The gambler". Est-il crédible ? Malgré une importante perte de poids, il conserve une carrure un peu trop imposante pour un simple prof. Il n'a vraiment pas la tête d'un prof non plus, même avec les cheveux longs. Mais c'est pas grave. Je m'en fous. je l'ai trouvé bon. Sincère. Et puis il se montre diablement efficace dans le rôle de cet homme au bord du gouffre en pleine auto-destruction.

Le film m'a aussi fait penser à "The swimmer". Sans doute parce que le personnage principal erre de casinos en casinos, de table de jeu en table de jeu et qu'il n'a d'autre but que de se vider pour mieux vivre.

Bref, j'ai passé un excellent moment devant "The gambler". Un film simple, bavard, osé, efficace.