Ich wünsche Ihnen einen angenehmen Aufenthalt.

Deux jours, c’est le temps qu’il nous aura fallu à ma douce et moi-même pour nous refaire la filmographie de Wes Anderson. C’est après ses 48 heures alités que nous nous décidâmes enfin à franchir le palier de la maison, monter dans une voiture et tracer la route. Le chemin était semé d’embuche, nous partions à l’aventure mais malgré toutes nos précautions il aura fallu moins de cinq minutes pour que les habitants de la petite-maison-en-brique-rouge se mettent au courant de notre fuite. Petit sac-à-dos, eau, biscuit, carte, boussole, jumelles, un iPod plein de musique et un chien. C’est certainement l’enlèvement de Buckley le chien ou des jumelles qui les aura alertés. Fuck.

15h41 nous arrivâmes finalement avec une unique minute de retard. Nous avions fait la connaissance de Max un enfant surdoué, perdu Buckley et vidé l’intégralité de la bouteille d’eau. Il nous restait trois biscuits, un pour Max, un pour ma douce et un pour moi-même. La séance débuta mais cela faisait déjà 48heures que nous étions happés dans l’univers d’Anderson, un monde enchanté, de carton-pâte, de poésie et un brin mélancolique. Nous étions déjà conquis et si la lecture de cette introduction vous répugne il y a deux possibilités. J’écris mal ou Wes Anderson n’est pas fait pour vous.

C’est dans l’Europe de l’entre-deux guerres qu’Anderson pose cette fois ses valises. Une âme d’enfant transparait inévitablement à l’écran. Les premières images défilent, l’hôtel prend des dimensions étranges, le fond-peint et les moyens de locomotions surréalistes font penser à une maison de poupée. Le climat est cependant plus mélancolique qu’à l’accoutumé, voir funéraire. C’est effectivement à l’annonce de la mort de Madame D que les ennuis vont commencer. D’une les circonstances de sa mort sont étranges, ensuite Gustave H est accusé de meurtre et pour finir les frontières se ferment, les contrôles augmentent, une atmosphère inquiétante s’installe. La violence de cette époque bien que filtrer d’une âme d’enfant reste bel et bien présente.

Ce sont les aventures de Gustave H (Ralph Fiennes) et de son Lobby Boy, Zéro Moustafa (Tony Revolori) qui nous sont racontées. Elles seront faites de cambriolage, de fuite, de fuite, et de fuite. Gustave H est une sorte de Casanova gériatrique qui entretient de nombreuses relations intimes avec ses douairières et Zéro est un Lobby Boy émérite capable de se dessiner une moustache d’un coup de crayon. Leur pérégrination rythmé par la musique d’Alexandre Desplat les amènera à rencontrer une bonne quantité de personnages (l’occasion pour Anderson de caser pas mal de guest).

Le film fera parfois penser à un Tex Avery, par la mise en scène, la manière assez absurde de montrer la violence et surtout la légèreté enfantine avec laquelle elle est traitée. Et ça marche ! Aussi étonnant que cela puisse paraitre Wes Anderson a réussi à mêler son univers à un semblant « d’événement historique ». Tout cela fonctionne justement grâce à l’insouciance qui nous enveloppe et la sensation de se faire raconter un conte.

Car c’est bien de cela dont il est question, un peu d’évasion, de rêverie, et de naïveté. Alors évidemment si vous êtes hermétiques au précédent film d’Anderson et de son univers théâtral et artificiel, que vous ne supportez pas la musique de Moonrise Kingdom, ou que les personnages incongrus vous emmerdent, ce film n’est pas fait pour vous. Mais au contraire si vous aimez le carton-pâte, les plans d’évasions totalement fous, les architectures étranges, et les personnages aux comportements irrationnels alors ce film est un must-see. Max lui-même vous le dira. Au passage désolé pour Buckley mais il vaut mieux ne pas être un animal à quatre pattes dans un Anderson. Et vive les jumelles.
pocky
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le 1 mars 2014

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pocky

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