Mouais. Ce film est surtout pour le réalisateur un bon prétexte pour montrer pléthore de stars censées nous faire rire en arborant leur postiche et leur grosse moustache, la moitié d'entre elles n'apparaissant guère plus de cinq minutes à l'écran. L'apparat revendiqué par Wes Anderson fleure surtout la supercherie cinématographique, tant ce The Grand Budapest Hotel évoque les tapisseries joviales d'une concierge en mal de jolis pastels et de sucreries : c'est superficiel, poussif et pas drôle pour un kopeck ce machin là !


L'idée technique de Wes Anderson serait la suivante : cadrer les plans au carré sans que rien ne dépasse en les accentuant de temps à autre d'une soupe musicale rappelant les relents d'un vulgaire conte de fées burtonien. Si ça ce n'est pas de l'esthétique de palefrenier je suis prêt à défier Uwe Boll en combat singulier ! Sincèrement c'est tellement lourd et faussement caustique que ça en devient proportionnellement ridicule et antipathique, du moins pour un gus aussi rasoir que votre camarade stebbins. Narré sur le mode du flash-back imbriqué dans un flash-back ( on a surtout la fâcheuse impression que le personnage de Jude Law n'a strictement aucune utilité dans l'intrigue, si ce n'est nous montrer la figure de l'écrivain dans la force de l'âge...) The Grand Budapest Hotel ressemble à un tour de manège sans surprise et sans saveur, exténuant dans sa volonté de faire du cinéma-vignette et très énervant dans sa démarche marketing : montrer Harvey Keitel chauve et tatoué, Jeff Goldblum barbu et bigleux et Willem Dafoe plus hideux que jamais ne suffit pas à faire une comédie, et le potentiel burlesque dudit film tombe carrément à plat.


Toutefois le scénario, point fort du film en puissance comme en acte, reste original et plaisant à suivre malgré un dénouement dont on se fiche royalement, fort peu percutant en définitive. Voici le genre de projet qui aurait gagné à rester couché sur le papier, tant le potentiel imaginaire transparaît en substance, et même entre les images. Mais pour le slapstick, on repassera !

stebbins
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le 31 août 2015

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stebbins

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