Le problème quand on veut parler d'un film musical, c'est qu'il faut choisir la façon dont on en parle: soit on la joue réaliste (mais on refuse de rêver) et on se dit que tout ce qui se passe sous nos yeux est trop beau pour être vrai et que c'est peut-être un peu du n'importe quoi tout ça quand même, soit on s'autorise l'émerveillement et alors seulement dans ce cas là on peut passer un (très) beau moment.


Mais attaquons l'analyse, en commençant par le négatif histoire de finir sur une bonne note !


The Greatest Showman ne peut pas être un grand film car il a pas mal de défauts. Le scénario d'abord, qui est peut-être la chose la plus importante d'un film, est malheureusement trop simpliste (voire cliché). On n'évite pas les fameux moments bourrés de bons sentiments et assez ridicules, les personnages à peine développés et qui ne sont pas toujours là pour de bonnes raisons, le choix (complètement assumé) de ne pas respecter l'authenticité des faits historiques... Bref, il ne faut pas s'attendre à voir une oeuvre profonde et vraiment marquante, ici c'est le divertissement qui prime (peut-être pas si étonnant que ça pour un réalisateur de pubs à la base).
Et c'est, à l'image du personnage de Bennett (le critique influent dans le film), ce que la plupart des avis de la presse soulignent. Ceux qui, des fois, oublient que même si parfois certaines choses contiennent des aspects déplaisants, d'autres ont le pouvoir d'être magnifiques.


Et donc une fois qu'on a passé ce cap, pour ceux qui le peuvent, on se surprend à rêver.
Car, si le long-métrage de Michael Gracey n'est pas un grand film, c'est en revanche réellement un grand divertissement. Et on le comprend dès la première scène d'ailleurs, dont on peut prendre plusieurs jours à s'en remettre.
La mise en scène justement, est vraiment réussie. On n'atteint pas l'excellence éblouissante d'un La La Land (film auquel il va des fois être comparé car les chansons ont été écrites par les mêmes auteurs et qu'évidemment les distributeurs l'ont mis en avant pendant la promo), et la virtuosité hallucinante de son réalisateur (Damien Chazelle, prodige incroyable), mais sincèrement certaines scènes nous transportent... La photographie est également très réussie, l'esthétique d'un tel film étant forcément soignée (même si l'image n'est pas parfaite. On regrettera notamment certains effets spéciaux pas très heureux: coucou le plan du train à la fin).
Pour le casting, pas grand chose à dire car d'un côté l'excellent Hugh Jackman éclabousse le film de son charisme et de son talent (on sent la personne impliquée dans le projet, suffit de le voir dans le making of, les larmes aux yeux quand une répèt est concluante) et de l'autre on a des très bons acteurs mais qui dépendent tout simplement de la qualité de l'écriture de leurs personnages respectifs (qui n'est pas toujours au rendez-vous, donc).


Concernant les musiques en revanche (ça aurait quand même bizarre de pas en parler pour une comédie musicale) c'est assez particulier. Elles peuvent surprendre par leur mélange de musiques pop d'aujourd'hui au contexte du film (qui se déroule au 19ème siècle). Si certaines sont malheureusement un peu mièvres, notamment dans leurs paroles, franchement l'ensemble est plutôt très réussi et donne lieux à de très beaux moments (ceux qui n'ont rien ressenti en écoutant The Greatest Show, A Million Dreams ou Never Enough ne sont juste pas humains).


The Greatest Showman n'est donc peut-être pas un grand film, mais c'est assurément un grand divertissement... Ce qui reflète assez bien son principal protagoniste en fin de compte, vu que ce dernier était passé maître dans cette industrie.
En fait, le réalisateur du film (lui aussi faiseur de publicité) a peut-être livré, sans le vouloir, une oeuvre la plus fidèle qui soit au personnage qu'elle met en scène: spectaculaire, éblouissante et exceptionnelle en apparence, mais aussi finalement malheureusement parfois critiquable quant on regarde à l'intérieur... Au spectateur de faire le tri, et de choisir ce qu'il veut prendre dans tout ce "cirque" !


"Le plus bel art est de rendre les gens heureux."

Linestyle
6
Écrit par

Créée

le 26 janv. 2018

Critique lue 361 fois

1 j'aime

Simon B.

Écrit par

Critique lue 361 fois

1

D'autres avis sur The Greatest Showman

The Greatest Showman
Behind_the_Mask
8

Nom d'un p'tit Barnum !

Chers éclaireurs, Je vous aime bien, pas de doute là-dessus. Vos goûts proches des miens m'ont poussés à vous suivre, vos proses enflammées, vos mots, ceux qui traduisent votre passion semblable à la...

le 27 janv. 2018

73 j'aime

9

The Greatest Showman
Aurya
2

Et la supercherie continue

Et la plus aberrante supercherie voit son blason se redorer, lorsqu’en 2018 elle ne perd pas une ride et perdure en efficacité… The Greatest Showman n’est pas seulement un long métrage tape à l’œil...

le 11 févr. 2018

39 j'aime

11

The Greatest Showman
Tonto
6

Chaud business

Phineas T. Barnum (Hugh Jackman) est un grand rêveur. Provenant de nulle part, il n’a qu’une ambition dans la vie : faire rêver les autres. C’est ainsi qu’il décide d’ouvrir un musée de cire, secondé...

le 24 janv. 2018

36 j'aime

13

Du même critique

The Last of Us Part II
Linestyle
8

La terrifiante et terrible face sombre de The Last Of Us Part II...

The Last of Us Part II soulève pour moi un énorme problème qui dépasse le domaine du jeu vidéo et peu s'appliquer à toute l'espèce humaine, en particulier en ces temps où tout le monde (ou plutôt...

le 29 déc. 2021

1 j'aime

The Greatest Showman
Linestyle
6

Pour le show, pas pour le scénario.

Le problème quand on veut parler d'un film musical, c'est qu'il faut choisir la façon dont on en parle: soit on la joue réaliste (mais on refuse de rêver) et on se dit que tout ce qui se passe sous...

le 26 janv. 2018

1 j'aime

Mon garçon
Linestyle
5

Même pas la moitié d'un Prisoners...

Dommage... Il y avait un peu d'intérêt dans cette histoire de disparition et surtout de traque d'un enfant par son père. Dès le début, ce film m'a fait pensé à Prisoners. L'histoire bien sûr, mais...

le 2 oct. 2017

1 j'aime