The guilty plays sour

Gustav Möller n'a pas fait le pari d'un cinéma divertissant, c'est le moins que l'on puisse dire. Tout est filmé dans un centre d'appels d'urgence avec un seul protagoniste : un policier puni par sa hiérarchie, largué par sa femme, en attente de procès mais doté d'une conscience professionnelle plutôt rare.

Au hasard d'un appel téléphonique il comprend qu'une femme est en danger de mort et il va essayer de tout faire pour la sauver, dépassant souvent la ligne blanche de ce qu'on attend de lui.

L'enquête policière va glisser vers le glauque d'un fait divers du genre de ceux qui font zapper les media aux personnes sensées à cause justement de leur côté profondément démoralisant et de la noirceur de leur propos qui nous montre la nature humaine sous un jour encore plus sinistre que ce qu'elle est en réalité.

L'astuce de la mise en scène est de ne rien nous montrer. C'est donc nous-mêmes qui créons nos propres images sordides, aux côtés d'un policier lui-même plein de préjugés, le réalisateur prenant quant à lui une posture neutre et distante. Montrer ces images aurait été insoutenable. Et le côté quasi-documentaire renforce la portée du drame qui est en train de se jouer. A moins que le flic ne se gourre complétement, trompé par son instinct de flic, ce qui reste une possibilité plutôt faible mais qui atténuerait un peu toute cette violence invisible présente d'un bout à l'autre du film.

Den Skyldige serait pour les cinéphiles un bel exercice de style de la part d'un cinéaste prometteur. Je pense pour ma part que ce Möller a la dent dure et qu'il prend un goût pervers à nous faire broyer du noir. Etant en cela un digne représentant de l'école scandinave du thriller.

Den Skyldige n'est pas à conseiller à ceux ou celles qui n'ont pas le moral. Malgré son twist final le film tombe malheureusement dans la facilité de ne pas nous offrir de happy end. Vous voilà prévenus.