Blow In
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« Une femme, victime d’un kidnapping, contacte les urgences de la
police. La ligne est coupée brutalement. Pour la retrouver, le
policier qui a reçu l’appel ne peut compter que sur son intuition, son
imagination et son téléphone. »
Sur la base de cet argument, Gustav Möller, réalisateur de 30 ans installé au Danemark, construit son premier film, un thriller, d’une parfaite efficacité. C’est le long-métrage Douze Hommes en colère, de Sidney Lumet (1957), drame à haute tension, qui a inspiré Möller À l’origine de ce projet, une immersion dans un centre d’appels d’urgence et l’écoute d’un podcast, Serial, qui retrace une enquête sur l’assassinat d’une jeune fille. Soit une façon d’envisager la narration en faisant confiance au pouvoir évocateur du son et à l’imagination du spectateur. Une méthode encore très peu vu dans les longs-métrages mais ayant tout de même un petit publique du côté des séries audio. On peut prendre l’exemple de la série Calls, réalisé par Timothée Hochet et produite par Canal +. D’ailleurs je recommande vivement celle-ci !
La caméra ne quitte jamais Asger, le policier, filmé en plans rapprochés (en gros plans voir même en très gros plans) dans un espace clos, où ses collègues ne forment que des silhouettes floues à l’arrière-plan, la plupart du temps. Le décor est un huis-clos se composant de deux pièces voisines dotées de bureaux, de postes téléphoniques et d’ordinateurs. Le visage du policier, qu’interprète l’acteur suédois Jakob Cedergren (révélé dans la mini-série danoise The Spider et vu dans Rage de Sally Potter, Terriblement heureux d’Henrik Ruben Genz etc…) est l’écran dans l’écran où se lit tour à tour la culpabilité (le titre The Guilty est l’un des rares indices premiers de cette histoire), l’obstination et le désarroi. Le spectateur prend appui sur ce personnage tendu avec ses cheveux coupés court, son regard hanté, le pansement usé sur son doigt, ses tempes où apparaissent petit à petit des gouttes de sueur ruisselantes, pour mieux se concentrer sur le son qui, seul, constitue le hors-champ, où le drame opère au loin. Ainsi les voix des comédiens qu’on ne verra jamais (Jessica Dinnage, Johan Olsen et Omar Shargawi) font-elles entendre mille nuances émotionnelles qu’Oskar Shryver, l’ingénieur son du film, mixe aux bruits du vent, de la pluie, de la circulation avec perfection. Chaque indice sonore, chaque inflexion vocale, chaque silence revêt un relief particulier. Un film qui mobilise toute l’attention du spectateur et parie sur ses capacités d’écoute, ce qui permet de créer notre propre histoire à la manière de la lecture d’un livre avec l’utilisation de notre imagination. Pari réussi, ce film parvient à tenir le spectateur en haleine pendant les 80 minutes. C’est alors qu’on ressort essoré de ce récit, et épaté par tant de simplicité et de complexité combinées. The Guilty (Den skyldige) est juste miraculeux !
Léo Jacquet
Créée
le 30 août 2018
Critique lue 306 fois
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