La définition de l'originalité ? Ou seulement avant-gardiste ?

The Head Hunter, de ces fameux films dont je ne peux donner avec exactitude une classification - déjà bancale - car étant assez flou dans ses visées. Par ailleurs, il semble plus véridique de classer cette œuvre dans le Fantastique que dans la Fantasy à proprement parler. De plus, ce film fait parti de ces créations à petit budget (ça se ressent) mais qui on une capacité à mettre des claques visuelles tout bonnement surprenante. De ce fait, nous avons là une création - si je demeure cloîtré dans le genre assez restreint de l'imaginaire - qui ose s'écarter des sentiers battus pour tenter du hors piste et le résultat est plus qu'au rendez-vous malgré quelques remarques.


Un chasseur de monstres a perdu sa fille à cause d'une créature qu'il s'est promis de retrouver et d'achever. Le temps passe et les trophées s'enchainent jusqu'à ce que ladite créature soit de retour.
Pas plus de spoil !


Concrètement, le film en impose sur bien des points qui pourraient faire débat. En effet, ces différents choix sont presque tous à l'opposé de ce qui se fait en matière de créations de l'imaginaire. Et pour un film d'un peu plus d'une heure, il a une capacité d'attraction et de captation plus qu'intéressante, sauf que c'est à double tranchant : on suit la vie peu ordinaire d'un chasseur de monstres (qui n'est pas nommé par ailleurs), ce qui implique des préparations d'onguents "magiques" capable de guérir de graves blessures, l'entretien et la mise en pique de ces divers trophées (des têtes de monstres ; comme l'indique le titre)... J'ai pu lire à travers quelques critiques une certaine similarité avec le personnage de Geralt de Riv, héros de la saga The Witcher. Il y a du vrai là dedans si ce n'est que The Head Hunter a une approche plus "réaliste" de la chose dans le sens où ce fameux chasseur est seul et tout le long du film, on ressent cette solitude que l'on croit à tout moment pouvoir basculer dans de la folie pure et dure. C'est une des grandes forces de ce film : l'atmosphère qui entoure le héros est à la limite de l'oppressant, de l'insécurité constante. Néanmoins, côté histoire, si elle demeure sympathique de loin, il faut avouer que - le manque de budget probablement en cause - le film se révèle assez vide. En effet, une grande majorité du film se borne sur le quotidien lassant du héros : pêche, travail du bois, confection d'armes et d'armures, concoction de sa fameuse potion (le tout n'accueillant qu'une dizaine de ligne dialogue !)... et dès l'instant où il est appelé à tuer une créature, si on le voit se préparer et voyager, les affrontements sont toujours hors champ. En soi, c'est frustrant au possible mais (et c'est quasiment toujours la même "excuse" que l'on peut apporter pour les divers défauts du film) cela amène à une réflexion sur des messages que l'on n'aurait pas interprété correctement, nous force à lire à travers les lignes et à imaginer de nouvelles lectures. C'est ce qui se passe au sujet de la mort de sa fille dont on ne sait rien, couplé au dénouement qui frustrera encore plus, à se demander comment on en est arrivé là, à quoi tout cela a servi ? Et une nouvelle fois, une nouvelle lecture va germer en nous, apportant de plausibles réponses mais qui laisseront insatisfait. Donc, pour reprendre une organisation plus carrée : l'histoire est saisissante pour la cassure des codes : très peu de dialogue (le film préfère, et c'est tout à son honneur, parler avec des images), de longues scènes fixes, de nombreux affrontements hors champ malgré un combat final dévoilé mais quelque peu "rushé" ... Il est clair que le film brille par ses écarts mais c'est également son défaut, si on ajoute à cela les nombreuses incohérences qui, si on y réfléchit beaucoup trop, dénature totalement l'entièreté du film. Et, personnellement, même si je vois différentes manières de l'interpréter, je n'adhère pas au dénouement qui est un sacré rebondissement, quoi qu'on en dise. Cette conclusion donne une sensation d'échec fulgurant mais qui reste "logique" dans la visée du film. Pour les allergiques du manque direct de substance, des séquences silencieuses... ce film n'est clairement pas le bon choix.


Pour les personnages, il n'y a en que trois à l'écran. Le chasseur de monstres qui attire notre empathie presque immédiatement et le fait de le suivre dans sa vie bien trop pesante aide grandement. On se retrouve à vivre avec lui la désolation de son existence, condamné à pourchasser par vengeance une créature qui n'arrivera peut-être jamais. Ce qui nous fait encore plus adhérer au personnage, c'est que la destruction progressive de son mode de vie prend à la gorge. C'est cette sympathie qui nous donne un goût amer quant à la conclusion de ce film. Son côté "Witcher" est assez charismatique, mystérieux et c'est un hommage (si tant est que le but était ceci) plus que plaisant. On apercevra également sa fille lors de quelques scènes de flashback mais outre le fait qu'il tenait à elle, on n'apprendra que peu de choses, si ce n'est absolument rien. Et pour terminer, l'antagoniste principal, la créature que le chasseur pourchasse sans relâche. Son identité est assez sympathique quand on sait ce qu'elle peut faire mais ça s'arrête là.


Pour les effets spéciaux, il n'y a en pas. Du moins, numériquement parlant et encore, j'ai un doute pour certaines scènes extérieures. La totalité du film use de décors fait main, ce qui apporte ce cachet si authentique d'autant plus qu'on a une certaine qualité. Ce n'est pas transcendant mais ça fait largement l'affaire : j'en veux pour preuve les différentes têtes de créatures que le chasseur à chez lui ; d'ailleurs, je profite de ce point pour souligner un léger défaut : lorsque le chasseur plante la tête des monstres sur des piques, il le fait via le front, un os qui semble dans le film facilement brisable... sensation perplexe confirmée par la dernière scène du film. De plus, l'aspect sale du film contraste avec les autres productions du même style, parfois jugées trop lisses et propres. Ici, le repère du chasseur tombe en ruine, la poussière s'accumule, du sang et autres substances couvrent le sol... Même le héros à une mauvaise hygiène de vie. Une mention spéciale pour le générique d'introduction qui est sublime et pour les blessures que subit le chasseur qui sont vraiment correctes pour une production de ce gabarit.


Pour les combats, j'en ai déjà touché quelques mots : excepté le dernier qui est un peu trop rapide - heureusement que la traque apporte de la tension - on a rien qui est porté à l'écran, tout est suggéré.


Pour les lieux et paysages, on a du "basique" en ce qui concerne le repère du chasseur et ces alentours. Cependant, dès l'instant où le chasseur qui son chez-lui, force est de constater que la qualité photographique est tout bonnement sublime. Ce n'est aucunement transcendant (rien extravaguent) mais les divers paysages font très largement le café.


Pour la bande sonore, je dois avouer qu'à part l'introduction, au reste silencieux dans une volonté de faire ressentir la détresse du héros, à l'écart de toute trace de civilisation.


The Head Hunter est véritablement une création qui n'en a que faire des codes imposés par les grands du 7ème art ; très probablement à cause du budget. Sa fraîcheur est envoutante et la mise en scène si hypnotisant que l'on ne voit pas passer l'heure de divertissement. Néanmoins, j'émets toujours une déception vis-à-vis de la conclusion qui, si elle peut trouver un brin de logique, remet tout en question ; ce qui peut également être vue comme but ultime du film. Malgré ma grande appréciation, je reste lucide et sais parfaitement que ce film est un jet de pièce : soit on adhère soit on n'adhère pas. Sa force est sa faiblesse et ses fréquents écarts peuvent amener à ne pas apprécier son histoire. Toutefois, je recommande chaudement ce film car il mérite sincèrement un coup d’œil, ne serait-ce pour la beauté de sa mise en scène et de son atmosphère si particulière.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
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le 28 oct. 2020

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PhenixduXib

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