Mister est un Monsieur

Avec Les Chemins de la dignité (Men of Honor, 2000) et Notorious B.I.G. (2007) pour ne citer qu’eux, la filmographie de George Tillman Jr. n’est guère impressionnante. Dans ce film au titre très long, il peint le portrait de Mister, afro-américain d’environ 14 ans et de Pete, un môme d’origine coréenne qui a dans les 10 ans. Leurs mères sont dealeuses pour un caïd local et consommatrices. Aucune mention n’est faite de leurs pères. Ils n’ont évidemment pas une thune. La mère de Mister est supposée garder le jeune Pete, mais en réalité la tâche incombe à Mister.
Mister a un rêve : passer un casting pour enfants à Beverly Hills. Il n’a aucun doute quant à son succès. Pete quant à lui est plutôt du genre à subir la vie.

En version courte, cela sent à plein nez le mélo vu et revu sur des gamins en milieu défavorisé. Quelle surprise de voir que ce n’est pas le cas. On n’entre jamais dans le domaine du pathos. Pas d’accumulation d’évènements tristes dont le seul but est de provoquer au plus vite une émotion. On ressent au contraire qu’il y a une construction scénaristique –par ailleurs pas uniquement dramatique- bien retranscrite par une mise en scène propre, sans fioriture. Même si cela ne comporte guère de surprises et demeure assez consensuel, le ton adopté par le film pour palier à cela est juste.
La bande-son est choisie ; pas envahissante, pas transparente et pas gênante pour ceux qui comme moi n’aiment pas le rap. En parlant de transparence, les deux jeunes acteurs sont loin de l’être. Ils appliquent parfaitement cette réplique du film : « Tu ne prétends pas être le personnage. Tu es le personnage. »