John Woo a donc inscrit le kitsch au patrimoine mondial de l'UNESCO.
The Killer n'a pas volé son statut de film d'action ultra culte, porté par une grandiloquence visuelle inouïe, et un sens de la mise en scène délirant. Les comédiens transpirent de charisme, bien épaulés par une iconisation et une suresthétisation de tous les instants. Ralentis, flashbacks, saltos et plongeons, tout y passe, au sein de ce joyeux bordel qui ne semble s'être fixé aucune limite.
Je voue un amour dévastateur pour l'esthétique hong-kongaise des années 80-90 (Wong Kar-wai est mon cinéaste favori), et Woo ne rate pas le coche. La photo est somptueuse, donnant corps à cette ambiance tantôt flottante, tantôt écrasante. Une atmosphère par ailleurs sublimée par la bande originale mémorable de Lowell Lowe, et un travail du cadre toujours pertinent.
Pour autant, le mélange de grosse bourrinerie kitsch et de mélodrame absolu est très déstabilisant. On oscille constamment entre les extrêmes, passant d'un actionner très violent, à une volonté de légèreté et d'émotion profonde dans le traitement de l'amitié et de l'amour. Sans oublier la facette comique de l'œuvre, qui culmine lors de cette scène pivot avec les deux flics, le tueur et la chanteuse.
C'est très efficace, et la sincérité émanant de l'ensemble est très touchante... mais c'est un poil trop boursouflé pour vraiment réussir à m'emporter. D'ailleurs, si ma note n'est pas plus élevée, c'est à cause de cette dernière demi-heure, qui perd un peu le dispositif global. Ça s'étire trop, et la surcouche de surcouche de surcouche n'a pas vraiment pris sur moi.
Bref j'en retiendrai une pièce fondatrice du cinéma d'action, et deux premiers tiers absolument dantesques.
PS : J'étais déjà pas un grand fan de la saga John Wick, mais quand on voit à quel point cette dernière fait pâle figure face à sa source d'inspiration principale, ça en devient presque embarrassant...
8,5/10
Mon compte de critiques ciné sur Instagram : https://www.instagram.com/le_videoclub_/