SensCritique a changé. On vous dit tout ici.

Si je devais expliquer ce que c'est qu'un mec.

Loin sur un rocher desert Ephraim Winslow hérite de la laborieuse tâche de s'occuper d'un phare sous les ordres d'un vieux loup de mer, Thomas Wake. L'un jeune, fringant, mais néanmoins taciturne et ténébreux, l'autre hirsute, volubile, autoritaire et vulgaire, c'est deux âmes vont partager ce territoire damné pendant un mois, pour le maintenir à flot. La désolation des lieux place les deux protagonistes hors du temps, nous questionnnant en permanence ce qui tient de l'usure ou du délabrement.


Ce film en 4/3 et en noir et blanc, nous donne dès le début une impression de déjà vu. En vérité, dès le départ il y a un je ne sais quoi de rassurant, de chaud, malgré l'impression d'avoir déjà vu ce film dès la première minute. Deux hommes enfermés, seuls, dans un endroit coupé du monde, humide, d'abord mal éclairé, puis lugubre et enfin obscure... les deux protagonistes se regardent en chien de fusil, le vieux pète une fois, puis une deuxième et s'en va. Le jeune subit mais ne dit rien, attentif dans l'inconfort il trouve une statuette en os de baleine d'une sirène seins nus...


Ok, j'ai compris. C'est un film sur les mecs.


Le vieux autoritaire fait faire la sale besogne au jeune, l'engueule, le malmène, le menace, se moque de son côté précieux... il profite de son inexperience du terrain pour lui en mettre plein la vue de son savoir. Il cherche à le faire parler, il lui raconte ses exploits d'antant, lui raconte des légendes, le met en garde de conséquences superstieuses etc... puis le vieux ne veut pas lacher son poste, il campe la lumière du phare...


Dans tout ce marasme comment ne pas craquer ? Comment discerner le vrai du faux ? Qu'est ce qui tient du fait, de l'expérience ? Qu'est ce qui tient du bizutage ? Comment gérer la solitude ? L'autorité est elle vraiment légitime ? Fait elle sens ? Et surtout, pourquoi ne pas vouloir passer le flambeau ?


Ce film a des airs de fables lynchesques, de peplum des années 50 marqué par la pâte de Ray Harryhausen, ou encore de films noirs hallucinés... Les deux protagonistes rongés par la solitude, défient vents et marais, d'abord avec dignité, glissants doucement vers les bas instincts puérils masculins. Ce qui me fait affirmer que ce film raconte les hommes, c'est que jusque dans le pathétique, le film ne cesse de peindre des tableaux élogieux fortement empreints de figures mythologiques fondatrices, de poèmes épiques, et du sacré.

DIYqvt
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste [Films] Vus Vrac

Créée

il y a 2 jours

Critique lue 2 fois

DIYqvt

Écrit par

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur The Lighthouse

The Lighthouse

The Lighthouse

le 18 déc. 2019

(ultra) Light my fire

Il se passe clairement quelque chose dans le cinéma de genre américain, et après une série de réussites réjouissantes (It Follows, Hérédité, The Witch), on est nombreux à attendre de voir se...

The Lighthouse

The Lighthouse

le 20 mai 2019

Sans soleil

L’affluence extraordinaire laissait déjà entendre à quel point The Lighthouse était attendu lors de ce Festival de Cannes. Sélectionné pour la Quinzaine des Réalisateurs, le film de Robert Eggers...

The Lighthouse

The Lighthouse

le 20 mai 2019

Plein phare

Dès l’annonce de sa présence à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, The Lighthouse a figuré parmi mes immanquables de ce Festival. Certes, je n’avais pas vu The Witch, mais le simple énoncé de...

Du même critique

The Lighthouse

The Lighthouse

il y a 2 jours

Si je devais expliquer ce que c'est qu'un mec.

Loin sur un rocher desert Ephraim Winslow hérite de la laborieuse tâche de s'occuper d'un phare sous les ordres d'un vieux loup de mer, Thomas Wake. L'un jeune, fringant, mais néanmoins taciturne et...

Frankenstein

Frankenstein

le 11 nov. 2025

En fait, tous ceux qui ont lu le livre n'ont pas aimé...

Le film est vraiment bof. Parfois somptueux, parfois criard. Parfois bien écris, parfois non. Parfois inspiré, parfois générique au possible. En fait, ce n'est même pas un "mouai...", ce film est un...

La Passion du Christ

La Passion du Christ

le 17 oct. 2025

Ah d'accord !...

C'est drôle, mais voir ce film, ça a été la clôture d'un petit chapitre de ma vie. L'histoire commence l'année de sortie du film. J'étais tout petit et j'accompagnais encore ma famille à la messe. À...