The Open House
3.3
The Open House

Film VOD (vidéo à la demande) de Suzanne Coote et Matt Angel (2018)

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Énorme défi que s’est donné Netflix en cette année 2018 : distribuer pas loin d’une centaine d’exclusivités en termes de longs-métrages. Après avoir proposé quelques titres pour le moins marquants, que ce soit pour de bonnes (Okja) ou bien de mauvaises raisons (Death Note, Bright), la plate-forme annonce d’emblée son ambition de s’offrir un plus large catalogue cinématographique, et ce malgré la polémique qui s’instaure tout autour. Pour donner quelques exemples, sachez que Netflix diffusera (finalement) en 2019 The Irishman – le fantasme absolu du film de gangsters (Martin Scorsese dirigeant Robert De Niro, Al Pacino, Joe Pesci et Harvey Keitel) – et vient d’obtenir les droits de distribution de deux titres de la Paramount (Annihilation d’Alex Garland et le « troisième opus » de Cloverfield, pour le moment intitulé God Particle). Mais au milieu de tout cela, Netflix permet à certains projets, certains réalisateurs, de voir le jour alors qu’aucune production n’aurait misé dessus. Et si par moment cela débouche à de véritables surprises donnant envie de supporter la plate-forme dans son ambition commerciale, il arrive que des bouses intersidérales qui n’auraient jamais dû être produites se présentent à nous. Comme la dernière exclusivité en date qui entamait cette année 2018, à savoir The Open House. Un thriller qui aurait pu être sympa s’il avait eu la moindre trace de scénario. Attention avant de continuer la lecture, je préviens qu’au paragraphe suivant, les spoilers seront de mise. Car il est très difficile de dire en quoi le long-métrage est raté sans entrer dans des détails bien précis de l’intrigue…


Comme je le disais donc, The Open House démarrait de manière assez sympathique. Outre le fait de devoir passer par la présentation des personnages, le film prend enfin son « envol » (un bien grand mot, vous allez voir…) quand les deux personnages principaux, une veuve et son fils, s’installent dans une une immense maison familiale afin de tourner la page à la suite de la mort du mari. Maison qui a la particularité d’être « ouverte » car étant en vente, incitant l’agence immobilière en charge du dossier à organiser de nombreuses visites. Un prétexte scénaristique qui va emmener les protagonistes dans une paranoïa justifiée, car ils vont être victimes d’événements étranges (dû au fait qu’une mystérieuse personne s’insinue dans leur vie, « jouant » avec eux). Bien que le tout – mise en scène, ambiance… – se montre assez convenu, il faut bien avouer que The Open House titille l’intérêt. Principalement parce qu’il propose un suspense plutôt efficace sur le papier grâce à ses mystères, ses personnages étranges (une voisine apparemment atteinte d’Alzheimer désirant la maison, un inconnu connaissant cette dernière au point d’aller directement à la cave sans prévenir…) et une ambiance pour le moins glaciale. Cela ne sort pas de l’ordinaire, mais le cahier des charges semble être respecté dès les premières minutes.


Puis, malgré cette première impression favorable, le film perd en efficacité. La faute revenant principalement à une intrigue qui, une fois avoir proposé diverses pistes pour nous dérouter, finit par tourner en rond. À s’étirer un peu trop à l’excès en balançant ici et là des intrigues secondaires sorties un peu de nulle part (par exemple le fait que le mari, montré comme un père modèle, était finalement une ordure égoïste) ou reprenant des « événements » (le fait que le ballon d’eau chaude soit constamment coupé) au point d’aller un peu trop dans la répétition. Résultat de ce constat : The Open House traîne la patte jusqu’à pouvoir nous révéler son dénouement tant attendu, passant par des longueurs franchement dispensables et qui font perdre à l’ensemble l’intérêt que l’on pouvait y prêter. Seule l’envie de découvrir le fin mot de l’histoire nous permet de tenir, tout comme l’interprétation des acteurs qui, sans être mirobolante, tient plutôt bien la route. Surtout Dylan Minette, qui commence à se faire connaître du grand public (Don’t Breathe, la série 13 Reasons Why) et pourrait poursuivre sur une carrière prometteuse. S’il fait les bons choix de projets, car avec des films tel que The Open House au compteur, cela risque de lui nuire grandement…


Car une fois que pointe enfin le climax du film, c’est l’incompréhension la plus totale ! En effet, le mystérieux visiteur passe (enfin !) à l’action. S’attaque aux protagonistes en les torturant (aussi bien physiquement que moralement), les tue (plus précisément, il provoque la mort de l’un d’eux) et… fin ! Oui, The Open House se termine comme ça, sans donner aucune réponse à toutes les questions que nous fait poser l’intrigue. La principale étant l’identité du tueur, tout comme son mobile. On peut se demander plein de choses en repensant à l’ensemble, mais rien ne correspond. La voisine ? Le film nous montre d’entrée de jeu qu’il s’agit d’un homme (juste un plan sur des chaussures…) ? Son mari alors, qu’on nous dit un moment décédé, un autre encore en vie ? Mystère et boule de gomme ! Le visiteur qui se rapproche de la mère ? Non, il se fait tuer alors qu’il était bien étrange (le fait de s’introduire dans la cave). Le mari qui aurait survécu ? Tout le porte à croire (bien qu’invraisemblable), car connaissant le moindre détail de sa famille (photos, lentilles de son fils…), jusqu’au plan de la tête du tueur une fraction de seconde. L’explication la plus évidente est aussi la plus simple : c’est juste un psychopathe répondant à ses pulsions meurtrières, point barre ! La dernière seconde le laisse entendre (l’inconnu passant à une nouvelle « open house »). Mais dans ce cas, à quoi cela rimait-il de nous présenter autant d’intrigues, de personnages et de mystères (celle entourant la cave, vu que beaucoup d’événements se passent autour) sans jamais y donner fin. La voisine malade, le côté peu glorieux du mari, la relation mère/fils tendue, le combat de la veuve face à sa douloureuse situation… tout ce que nous vend The Open House, du début jusqu’à la fin, n’est finalement qu’un vent d’une ampleur incommensurable. Tout a littéralement été écrit pour rien ! Juste pour meubler et nous faire patienter à ce dénouement ô combien insignifiant !


Film que l’on pourra ranger sans mal à côté de la définition de foutage de gueule, The Open House est sans conteste une honte. Un divertissement qui prend le spectateur pour un parfait abruti en lui vendant quelque chose sans jamais lui offrir. La première partie, bien que conventionnelle, laissait augurer un thriller sachant faire son boulot, ni plus ni moins. Il aura fallu un dénouement provenant d’un paquet surprise pour faire écrouler le château de cartes en une simple pichenette. Une perte de temps sans nom ! Netflix, quitte à vouloir élargir votre catalogue, pensez également à bien choisir les projets à distribuer !


Critique sur le site https://lecinedeseb.blogspot.com/2019/01/rattrapage-2018-open-house.html

Créée

le 30 janv. 2018

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